C’est une musique qui a longtemps été négligée, voire méprisée, dans la grande sphère du rock et des musiques populaires. Le heavy metal est pourtant un genre très vivant depuis sa naissance, dans les années 70, en Grande-Bretagne, où Led Zeppelin et Black Sabbath ont ouvert la voie à un son durci peuplé de solos de guitare. Celui-ci s’est ensuite fait grandiloquent et théâtral (le glam metal), noir et menaçant (le black), rapide (le thrash) ou épais (le doom), et a construit une culture underground à mille facettes, riche en codes qui recyclent largement l’imagerie de l’heroic fantasy et des légendes anciennes.
Peu à peu, des sociologues ont commencé à s’intéresser à ces chevelus qui ne sont pas que des hommes et qui occupent fièrement l’arrière-plan de la musique depuis quatre décennies. Ils y ont alors découvert une culture largement prolétaire, soudée et ouverte, qui a édifié une montagne sonore pour se protéger du monde réel.
Gérôme Guibert, maître de conférences en sociologie à l’université Paris-III-Sorbonne-Nouvelle et coorganisateur du premier colloque français de sociologie consacré au courant heavy metal (1), qui s’est tenu à Angers les 18 et 19 décembre, revient sur cette musique qui n’est plus celle du diable.
L’a priori des observateurs envers le metal a-t-il toujours été négatif ?
Oui. D’ailleurs, les premières enquêtes sur le genre ont été des travaux de psychologues sur l’aspect nocif du metal. Cette musique a d’abord été abordée par un aspect présupposé néfaste. On faisait des corrélations avec l’échec scolaire, la violence… Plus ta