Pour Keith Rankin, Dark Web est un projet global, qui implique autant de théorie et d'analyse du monde musical présent que de la musique elle-même.
Quel a été le point de départ de Dark Web, qui est très différent de vos autres disques ?
Je me suis dit que les auditeurs d'aujourd'hui absorbent tellement de musiques différentes que les limites de la question de goût s'effondrent de plus en plus. Je voulais essayer de saisir ce moment sur un disque. Je me suis aussi interrogé sur les changements qu'a entraînés la révolution internet chez moi, qui suis né avant. C'est intéressant de faire partie de la dernière génération à avoir cette référence double, avant et après ce basculement, qui est culturellement aussi important que la naissance du sampling [dans les années 70, ndlr].
Pourquoi appeler ce disque Dark Web, alors que la plupart des samples que vous utilisez se trouvent sur YouTube?
Le titre du disque n’est que partiellement une référence à l’underground du Web. Pour moi, cette expression fait référence à une évolution plus générale de la conscience parmi ceux qui sont complètement immergés dans la culture internet. Je pense que c’est une bascule importante qui cause des fissures dans notre culture aujourd’hui, comme une ligne de démarcation entre le passé pré-Internet et l’avenir. Les générations futures considéreront l’espace numérique comme aussi normal que nous voyons le monde physique aujourd’hui, ce qui veut dire que la technologie, la culture et même l’environnement dans lequel nous vivons vont commencer à imiter le monde connecté. La musique commence à refléter clairement cette orientation en ce moment, avec d’infinis microgenres et toute l’histoir