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Libération
chronique

Clip clip clip, hourra !

Le clip ouvre toutes les portes, même celles de la sacro-sainte starification.
Le teaser du clip sur l'Instagram de Taylor Swift (Instagram)
publié le 18 juin 2015 à 16h36

Pendant des décennies, le meilleur indicateur de la cote de popularité d'une pop star était sa présence en une des magazines, qui offrait au passage une intéressante grille de lecture du cercle fermé des riches et célèbres. Kim Kardashian en couv' du Vogue américain est le signe que sa colossale influence a pris le pas sur ses débuts scabreux. Quand Selena Gomez passe de la une de Fan 2 à celle d'I-D, c'est qu'elle est devenue légitime auprès des faiseurs de tendance.

Il semblerait que cet ordre des choses soit en train d'être bousculé au profit du clip vidéo. Prenons Bad Blood, le dernier single de Taylor Swift (encore une qui est passée des magazines d'ado à Vogue). Son clip réunit un casting stupéfiant : actrice indé (Lena Dunham) ou confirmée (Jessica Alba), chanteuse (Selena Gomez), vieille légende (Cindy Crawford) et mannequins qui trustent les campagnes de pub (Cara Delevingne, Karlie Kloss, Gigi Hadid). En amont de la sortie de la vidéo, Swift égrénait sur son Instagram la liste de ces beautiful people. Bilan : plus de 20 millions de vues en 24 heures – un record pour le site Vevo qui héberge le clip. Dans le cas de Bad Blood, tout le monde est gagnant : Swift fait preuve de son invraisemblable réseau. Jessica Alba se donne une caution cool. La chanteuse rivale Selena Gomez montre qu'elle n'est pas jalouse. Les copines top model s'offrent un coup de projecteur supplémentaire.

La stratégie consistant à additionner les figures célèbres pour marquer les esprits ne date de fait pas d'hier (voir le clip de Freedom ! '90 de George Michael et sa brochette de super models). Aujourd'hui, on peut aussi se contenter d'une apparition en solo pour faire parler de soi. L'acteur Shia LaBeouf, qui filait un mauvais coton, a redoré son blason dans le clip de Sia, chanteuse sur la crête de la vague depuis son album 1000 Forms of Fear (2014). Cara Delevingne peaufine son image de bad girl en s'associant au groupe rap-punk transgressif Die Antwoord.

Le clip peut aussi faire la star : la bombe brune Emily Ratajkowski a vu sa (modeste) carrière décoller après s’être fait peloter par Robin Thicke sur Blurred Lines. Mais ce genre de cas reste plus rare. D’ailleurs, qui se souvient de la présence d’Eva Mendes dans le clip Miami (1998) de Will Smith ?