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Libération
On y croit

Lonely Walk éclairs obscurs

Le premier album des Bordelais distille un rock noir et froid, résurgence des années 80.
Les Français Lonely Walk. (Photo DR)
publié le 11 décembre 2015 à 17h36

C'est lourd, c'est lent, c'est électrique et sombre, voilà un disque qui sent bon les années 80. C'est incroyable comme la période allant grosso modo de 1978 à 1985 hante toujours autant les groupes d'aujourd'hui. Aux débuts des années 2000, on avait déjà connu un gros revival post-punk avec des groupes plus ou moins intéressants comme Interpol ou Clinic, et quinze ans plus tard Future Islands, Savages ou même la chanteuse ébouriffée Jeanne Added semblent toujours amoureux des jeunes gens modernes du magazine Actuel (qui avait consacré une célèbre couverture à la new wave). Bien qu'il chante en anglais, le groupe Lonely Walk est bel et bien français. Un bref coup d'œil au visuel de leur premier album enregistré à Lyon ne laisse que peu de place au doute, ces garçons sont bien des corbeaux, comme on disait à l'époque en référence au total look noir des fans de The Cure. Sur la pochette, un crâne humain doté d'un œil bleu nous regarde, des mains se tendent vers le ciel comme pour implorer le pardon, et les titres des chansons (Complaints, Judgment Night ou Burial Tomb) portent le poids du monde sur leurs épaules. Emmené par le chanteur Mickaël Apollinaire (pseudo ?), qui a fait partie du collectif Iceberg (association d'artistes de la région bordelaise comptant notamment JC Satàn, Petit Fantôme ou Crane Angels, le premier groupe de Mickaël Apollinaire), Lonely Walk mouline avec talent un rock froid, crépusculaire et grandiloquent dont l'originalité n'est pas manifeste mais l'efficacité incontestable. En écoutant Teen, on pense à Wire, à Magazine, à Bauhaus mais surtout à plein de sympathiques seconds couteaux de ce rock gris et glacial, dont la France s'est brièvement fait une spécialité à l'aube des années 80. Des formations obscures (dans tous les sens du terme) comme Norma Loy, Trisomie 21 ou Complot Bronswick que Lonely Walk semble s'être donné pour mission de ressusciter. Pas la peine en tout cas d'attendre quarante ans pour découvrir cet album d'outre-tombe.

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Wire, 154 (1979). Un autre album mythique qui n'a pas pris une ride. Issu de la première vague punk, le groupe anglais réussit un troisième album dense et sombre riche en expérimentations aussi fascinantes que glaçantes.

Kas Product, Try Out (1982). Toujours dans le genre froid mais plus synthétique, flirtant avec l'indus comme on disait à l'époque, un classique français de la préhistoire de la techno.