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Libération
Témoignage

Ma minute Bowie : Dominique Blanc-Francard, producteur «Il jouait au baby-foot en tenue de gala»

publié le 11 janvier 2016 à 22h31

«J'ai été ingénieur du son au château d'Hérouville, où Bowie enregistra deux albums, Pin ups et Low dans les années 70. Je ne travaillais pas directement avec lui mais je le voyais tous les jours. Ce fut un choc avant tout visuel : il avait la même apparence que sur ses pochettes, ce qui, à l'époque, était très extravagant. Pendant quinze jours, je l'ai vu prendre son petit-déjeuner comme s'il sortait de scène, androgyne, maquillé et très habillé. Il jouait au baby-foot en tenue de gala. En même temps, il avait cette attitude très british, calme, bien élevé et professionnel. Je me disais soit c'est le summum de l'avant-garde, soit c'est le summum de la décadence. J'étais impressionné car ça n'arrivait jamais.

«La première fois qu'il m'a regardé dans les yeux, j'ai vraiment cru que des lasers me transperçaient. J'avais l'impression qu'il pouvait lire dans les pensées des gens mais ça ne générait aucune inquiétude. Musicalement, c'était plus compliqué pour moi. Je le trouvais brillant mais je comprenais mal. C'était trop avant-gardiste peut-être. Jusqu'à Let's dance, en 1983. Ca a été un choc très fort. Il était un peu comme Gainsbourg, toujours à l'affût des courants. Toujours devant. C'est ça un grand artiste : s'accaparer les modes et les courants, et les porter.»