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Libération

Duels, fantôme et grands orgues

Le volet musical de la session scénique d’hiver s’annonce riche, avec notamment «le Trouvère» à Paris et à Lille, une improvisation sur un monument du film muet à la Philharmonie et Ravel par Chamayou.
publié le 14 janvier 2016 à 17h21

Après une grosse séquence post-fêtes dans les salles parisiennes, marquée par le passage de la soprano Olga Peretyatko et du pianiste Lukas Geniusas, désossage de quelques temps forts lyrique, classique et «organique» attendus sous peu.

Lyrique. C'est l'année du Trouvère. L'œuvre de Verdi était jouée à Toulon en début de saison. Et se retrouve en cette fin janvier produite concomitamment à Paris et à Lille. Dans le Nord, la mise en scène sera de Richard Brunel, directeur de la Comédie de Valence, et remarqué notamment pour ses Noces de Figaro à Aix-en-Provence. A l'Opéra-Bastille, le plateau resplendissant alignera le baryton Ludovic Tezier dans le rôle du comte Luna et l'étoile internationale du moment, la soprano Anna Netrebko, dans celui de Leonora, dame d'honneur de la princesse d'Aragon. La Russo-Autrichienne avait déjà interprété le rôle en 2014 avec Placido Domingo, sous la direction du contesté Alvis Hermanis au festival de Salzbourg, et en octobre à New York accompagnée du baryton Dmitri Hvorostosky, rétabli d'une tumeur au cerveau détectée trois mois plus tôt.

Autant dire que cet opéra-feuilleton farci aux grands airs et sautant de duels en rebondissements n’a plus de secret pour Netrebko qui le jouera donc pour la troisième fois en trois ans dans trois mises en scène différentes.

Classique.Dans un tout autre genre, à la Philharmonie de Paris, l'organiste et compositeur Thierry Escaich improvisera sur le Fantôme de l'Opéra, film de Rupert Julian, avec l'inimitable Lon Chaney en fantôme Erik. L'œuvre est restée célèbre pour sa fameuse scène d'escalier colorisée (en 1926) et pour le maquillage à stratagèmes de Chaney, notamment un dispositif qu'il plaçait dans son nez pour en relever la pointe. Des sels étaient, à l'époque, mis à la disposition du public susceptible de s'évanouir. Thierry Escaich avait déjà inauguré l'orgue de la Philharmonie le 29 octobre par une improvisation sombre avant d'interpréter la Symphonie n°3 de Saint Saens. Il est à redouter, lors de ce «ciné-concert en famille», que la puissance de la bête aux 7 000 tuyaux n'écrase le film.

La veille en milieu d’après-midi, quatre organistes auront trituré les quatre claviers de l’instrument, pour un récital «Grandes orgues» avec Olivier Latry, Philippe Lefebvre, Bernard Foccroulle et Wayne Marshall. L’instrument devrait alors être encomplet état de fonctionnement, l’accordage de ses tuyaux devant s’achever début février.

Solistes. Passeront pour finir au Théâtre des Champs-Elysées deux pianistes immanquables. Bertrand Chamayou, qui accompagne en récital sa brillante intégrale des œuvres pour piano de Ravel sortie chez Erato le 15 janvier, et duquel il dit : «Ravel est le premier compositeur du XXe siècle dont j'ai ouvert une partition : celle des Jeux d'eau, noire de doubles et triples croches. Jamais je n'aurais soupçonné l'existence d'une telle écriture, dont la beauté graphique me fascinait.» Et le léger et gracieux Russe Daniil Trifonov, qui interprétera le 7 février son récital de prédilection : Rachmaninov (Sonate n°1). Avec du Bach transcris par Brahms et du Chopin autour.