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Libération
Cinq sur cinq

Les papys anglais de la techno paradent

A l’instar de Massive Attack qui annonce son retour avec concerts et CD, les vieux routiers electro ne lâchent pas le morceau.

Massive Attack sera au Zénith de Paris fin février. (Photo W. Du Preez. N. Thornton Jones)
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Publié le 22/01/2016 à 17h31

Bien que s’étant construite sur l’opposition aux dinosaures du rock, la scène techno n’a pas tardé à enfanter ses propres monstres. Les Britanniques ont d’ailleurs été les plus doués dans le genre. A la faveur de l’éternel retour annoncé de Massive Attack, tour d’horizon sur les stars du genre. Toutes anglaises.

1- Massive Attack back en bacs

L'annonce impromptue à l'automne de deux concerts au Zénith à Paris, fin février, a été le premier signal du retour de Massive Attack, six ans après le réussi Heligoland qui retrouvait par moments la grâce électronico-soul des deux classiques du début des années 90 Blue Lines et Protection . Que vont concocter ce coup-ci le cerveau du groupe Robert Del Naja, alias 3D, et son complice de toujours Grant Marshall, alias Daddy G ? Avant l'album prévu pour l'automne, un EP donnera le ton. On peut trouver des indices musicaux dans l'exercice de style façon BO du jeu vidéo Ludum Dare 31 que Del Naja a réalisé en 2014, ou encore sa récente collaboration avec Jean-Michel Jarre sur le titre Watching You. Une certitude : connaissant le goût de 3D pour capter l'air politico-social de notre temps, on ne va pas se marrer.

2- Chemical Brothers duo mais à moitié

Qui, en 1992, aurait imaginé que ce discret duo d'étudiants en histoire médiévale à Manchester allait devenir, avec son mélange dissonant de breakbeat, d'acid house et de rythmes hip-hop, le fer de lance de la scène «big beat» anglaise, écouler des millions de disques et multiplier les tournées spectaculaires à guichets fermés ? Après être devenus une telle institution que l'Angleterre leur confia la composition de l'hymne officiel des JO de Londres en 2012, les frères chimiques Tom Rowlands et Ed Simons se sont faits si discrets qu'on avait cru à leur disparition. Mais, l'été dernier, ils étaient de retour avec Born in the Echoes. Et les tournées ont recommencé, même si dorénavant Ed Simons est remplacé sur scène par un quasi-sosie. Qui s'en était aperçu ?

3- Underworld un monde à part

Si le pic de la carrière d'Underworld a été atteint en 1996 avec le titre Born Slippy, qui illustrait le film Trainspotting, les vétérans Karl Hyde et Rick Smith persistent depuis à livrer à intervalles réguliers de bons (et moins bons) albums, invariablement composés de longs morceaux chantés qui cognent et de plages ambient dépouillées. Après avoir connu un éphémère succès sous le nom de Freur (le tube Doot-Doot en 1983), Hyde et Smith ont pris une claque techno au début des années 90 alors que leur projet pop Underworld battait de l'aile après deux albums. Dans l'urgence, ils n'ont même pas pris la peine de changer de nom. Plus de vingt ans après, la machine Underworld reste fidèle à sa formule, entre cavalcades de beats sur spoken word et délires arty, comme on pourra en juger dès mars avec l'album Barbara Barbara, We Face a Shining Future.

4- Leftfield à plein volume

L'outsider de la sélection. Considéré avec justesse comme l'un des groupes les plus influents de la scène anglaise des années 90, le duo Neil Barnes et Paul Daley a connu un immense succès critique et commercial, plaçant ses deux albums dans le top 3 (Rhythm and Stealth a atteint la première place des charts en 1999 et Leftism, sorti en 1995, est souvent cité dans les 100 meilleurs disques britanniques de tous les temps). Après avoir construit sa légende sur des concerts dantesques où son mix de progressive house et techno était joué à un volume si élevé qu'il fut banni de la Brixton Academy pour avoir déclenché un début d'effondrement du plafond (leur ingé-son faillit même être arrêté aux Pays-Bas pour dépassement illégal de la limitation sonore), le retour en 2015 sous l'égide du seul Barnes, après seize ans de silence discographique, avec un troisième album poisseux et plombé, s'est effectué dans une relative indifférence.

5- The Prodigy rage et désespoir

Dernier des grands monstres du «techno circus» britannique, le groupe de Liam Howlett est un habitué des longues pauses, mais son retour aux avant-postes fait toujours son petit effet. Sensation de la scène rave et hardcore anglaise au début de la décennie 90, The Prodigy explose dans le monde entier en 1997 avec la sortie de l'album The Fat of the Land et ses tubes enragés Smack My Bitch Up, Breathe et Firestarter. Autour du leader Liam Howlett, au look de Joker sous acide, les danseurs enragés (occasionnellement vocalistes ou claviéristes) Keith Flint et Leeroy Thornhill en rajoutent dans le style post-apocalyptique. Après six années de mutisme, le groupe, sans Thornhill mais avec le chevelu Maxim Reality à la place, a sorti l'an dernier un sixième album studio. Difficile de s'enthousiasmer, sauf si l'on est un grand nostalgique.