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Libération
Interview

Biréli Lagrène, guitariste «Un clic suffit  pour tout voir»

Publié le 25/01/2016 à 17h11

«Les guitares acoustiques n’ont pas évolué, mais il y a eu des améliorations sur les électriques : jouabilité, confort du manche ou frettage. Ainsi que sur le son. C’est un instrument jeune, en pleine évolution.

«Ces vingt dernières années, une certaine facilité s’est développée dans le jeu. Les choses vont très vite. Les guitaristes ont un accès plus grand à l’apprentissage. Ce n’était pas le cas à mon époque. Il y avait un manque de média. Grâce au Net, on peut écouter et comprendre plus de choses et plus facilement que lorsque j’étais ado. Quand j’avais 15 ans, j’aimais Weather Report, et pour trouver une vidéo qui les concerne, c’était une catastrophe. Très difficile. Un clic suffit pour tout voir. Pareil pour l’apprentissage. Mes parents avaient un tourne-disque, je passais des heures à écouter des solos de Django et j’essayais de les recopier. Ça me coûtait un nouveau diamant fréquemment, car je n’arrêtais pas de revenir en arrière. C’est comme ça que j’ai appris. Aujourd’hui, il suffit d’un nouveau clic.

«Il faut être rigoureux quand on est jeune, car ce n’est pas naturel de pouvoir tout apprendre. Si on n’est pas assez fort et qu’on ne sait pas ce qu’on veut faire, on s’y perd, on repique des plans et on ne travaille pas des aspects personnels. Ce que je préférais, c’était les guitaristes avec un son propre. Souvent tout se mélange et on ne sait plus qui joue. Il faut trouver son propre chemin. Même si c’est flou au départ. Il y a trente ans, les bons musiciens étaient mûrs, ils avaient un certain âge. Avoir 25 ou 26 ans, c’était encore jeune dans le métier. De très jeunes joueurs sont éclatants. Les nouvelles techniques restent. Le tapping existera toujours, et on n’est pas obligatoirement un guitariste de rock pour faire du tapping. Dès qu’il y a adéquation avec le public, tout est permis, de toute façon. Et puis, il y a encore des trucs à découvrir. Le plus important n’est pas la virtuosité mais le son. Plus longtemps les groupes jouent ensemble, mieux ce son se développe. Tant de bons musiciens, jeunes, ont envie de jouer avec tout le monde… Ça joue partout, d’un côté il n’y a plus vraiment d’esprit de groupe. Mais de l’autre, il est vital de jouer avec d’autres musiciens, c’est aussi ce qui fait progresser la musique.»