Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul Eddy dans le paysage musical français. Mitchell. Ça devrait changer. Un second Eddy pointe aujourd’hui le bout de son rap et sur une route qui n’est pas celle de Memphis, mais plutôt celle de Lyon, où il est né il y a une vingtaine d’années.
Membre du collectif l'Animalerie, Eddy Woogie nous avait déjà séduits il y a quelque mois avec le projet Bavoog Avers en compagnie de trois autres MC. Echappé en solo, Eddy tricote avec verve un rap fluide et brillant. C'est un équilibriste des mots qui se tient bien à l'écart de la course à la punchline sous la ceinture à laquelle se livre le versant le plus exposé du rap français. Or la vraie richesse du style tient plutôt dans la face immergée de cet iceberg musical. Avec comme lyricistes en chef les Grems, Odezenne, Rimcash, Greg Frite, et donc aujourd'hui ce fameux Eddy. A des années-lumière de la thématique éculée «gun-dope-meuf» vantée par la sainte trilogie des MC à fèves dans la bouche Booba-Gradur-Kaaris.
Etre fin lettré ne signifie pas pour autant parler comme dans un livre. Dès les premiers mots échappés de son EP Tout Eddy, le Lyonnais avoue «des zigzags dès le plus jeune âge, des envies dans le pyjama, loin de la norme de Pujadas, une envie de dire plus jamais». Si le rappeur se distingue par ses rimes riches, il nous séduit également par la qualité de la production signée par le jeune prodige electro J.A.C.K. Un vrai monsieur, Eddy.