Le photographe
Considéré comme l'un des plus importants photographes rock anglais modernes, Michael Spencer Jones a accompagné la vague Britpop des années 90 et capturé ses plus illustres représentants, de Suede aux Super Furry Animals, en passant par Oasis, pour qui il crée une quinzaine de pochettes. Jeune artiste, il est fasciné par le surréalisme et le travail du collectif Hipgnosis, responsable entre 1969 et 1982 des plus spectaculaires pochettes de Pink Floyd ou Genesis. Après des études de photo et de cinéma, il s'installe à Manchester en pleine période «Madchester» (drogues, club culture et rock indé), shoote les icônes Stone Roses et Happy Mondays et réalise les visuels des disques de The Verve. En 1993, il devient le photographe attitré d'Oasis, sur scène comme à la ville, pour des dizaines de clichés réunis en 2009 dans le livre Out of the Blue, the Oasis Photographs.
Le concept
Oasis voulait que la pochette de son premier album évoque une vieille photo des Beatles, où les quatre garçons dans le vent étaient assis autour d'une petite table d'un hôtel japonais, et que la prise de vues se fasse dans le salon du guitariste Paul Arthurs. Effaré par l'étroitesse du salon et son manque de cachet, Jones cherche à transcender les desiderata farfelus des cinq lads en utilisant un objectif grand-angle pour élargir la pièce. Inconvénient, le parquet au premier plan se transformait en un espace immense à combler à tout prix.
Les références
Un peu à la manière du jeu Où est Charlie ?, la pochette est truffée de références au background du quintette. Un verre de vin, des cigarettes (rappel du single Cigarettes & Alcohol), une photo du footballeur Rodney Marsh, ancien de Manchester City, un poster du compositeur Burt Bacharach, le Bon, la Brute et le Truand qui défile sur l'écran. Quant au flamant rose trônant sur la cheminée, impossible de savoir si c'est en hommage à Pink Floyd.
Le chanteur
Une semaine avant la prise de vues, une visite au département égyptologie du musée des Sciences de Manchester fit germer une idée dans la tête de Jones. Fasciné par la façon dont les Egyptiens honoraient leurs défunts souverains et les représentaient en gisants, il imagine Liam Gallagher couché au premier plan telle une momie, les yeux fermés, crâne face à l’objectif. Une position étonnante pour le leader à l’ego démesuré d’un groupe en pleine construction de sa légende et qui s’apprête à connaître un succès pharaonique. Et une manière de combler le vide au premier plan.