Il y a ceux qui dès le premier EP grimpent au sommet. Comme ces dernières années Fauve, Feu ! Chatterton ou Christine & the Queens. Et puis il y a ceux, moins flamboyants, qui ont besoin de temps pour mûrir leur réflexion artistique. On devine où se situent les Caennais Samba de la Muerte. Même si leurs trois EP leur ont valu quelques louanges justifiées de la part des «milieux autorisés». Aujourd'hui, c'est bien une reconnaissance beaucoup plus large que peut espérer le projet conduit de main de maître par Adrien Leprêtre (leader, chanteur, guitariste). La faute, ou plutôt grâce, à un premier album lumineux et inspiré. Si à l'origine, leurs morceaux restaient attachés à un folk-rock un brin lyrique, mais classique, ils larguent ici en grand les amarres. Mixant avec bonheur français et anglais, Adrien entraîne Samba de la Muerte vers l'exploration d'une terra incognita musicale. Difficile de rester insensible à la charge groovy de You'll Never Know When I Lie et ses surprenants accents mi-celtiques mi-arabisants, peut-être la plus belle réussite du disque. Même si tout au long de ces quarante minutes frôlant le sans-faute, les moments de grâce sont légion. Tels l'Aber et ses cuivres très afrobeat, mais aussi le folk jazz déviant du réjouissant Don't Let Go, ou encore cette ode vibrante à Tanger. Quant au balancement très house de la conclusion Love Song, il donne bien envie de danser (presque) jusqu'à la mort. Le sommet est en vue.
Critique
Samba de la Muerte, charme mortel
Adrien Leprêtre (leader, chanteur, guitariste) de Samba de la Muerte. (Photo Ben PI)
par Patrice Bardot
publié le 11 mars 2016 à 17h51
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