Menu
Libération
Critique

Tiga résurrection techno

Le producteur canadien revient avec un troisième album taillé pour les dancefloors.

Publié le 11/03/2016 à 17h41

En sept années d'absence discographique relative - tout de même émaillée de quelques singles -, le public a eu le temps d'oublier Tiga. Le producteur montréalais, plutôt bon client quand il s'agit de parler de lui sans faux-semblant, reconnaît volontiers que sa gestion de carrière est désastreuse et que ne pas sortir d'album pendant si longtemps équivaut à «un suicide commercial». C'est qu'à l'époque de son deuxième disque, Ciao !, en 2009, Tiga était devenu une sorte de star de la planète électronique, adoubé par le public, mais parfois renié par les puristes pour son mélange ultrasexuel de techno, de house et de pop.

Depuis, le bonhomme a perdu le fil de sa discographie, sans surprise, lui qui s'est toujours voulu touche-à-tout et avait commencé comme disquaire, puis propriétaire du plus gros club du Canada et patron de label dans les années 90, avant de devenir producteur au début des années 2000. En 2010, il tenait même le premier rôle du film Ivory Tower, coécrit avec Adam Traynor, Chilly Gonzales et Céline Sciamma.

Revenue au long format, la musique de Tiga garde toujours un pied dans la pop, mais ce troisième album est surtout marqué par un virage 100 % dancefloor totalement assumé. Le Montréalais laisse à la techno la part du lion, et les quelques paroles ne sont que des simili-mantras pensés pour faire crier en chœur les foules des clubs. Moins pop, No Fantasy Required n'en reste pas moins illuminé par le sens de la mélodie de Tiga, qui enchaîne les tubes imparables avec flegme. Sur Bugatti, il assume son côté flambeur et fan de voitures. Sur Planet E, il s'entoure du Glaswégien Hudson Mohawke pour un trip sous ecstasy. Sur Always, il prend carrément la tangente acid avec l'aide de la mystérieuse et déjà culte formation Paranoid London. Un album d'une efficacité insolente, qui a failli être tout autre, puisqu'il y a trois ans Tiga a mis au rebut une première version du disque. C'est ce qu'on appelle avoir du flair.

Vous aimerez aussi

Azari & III Azari & III (2011)

Dans une veine house rétro et chantée, le mort-né (et regretté) groupe Azari & III convoque les mêmes atmosphères queer et moites.

DK7 Disarmed (2005)

On reconnaît sans peine un cousinage avec Tiga dans l’unique album techno-pop de ce duo composé de Mark O’Sullivan et Jesper Dahlbäck, ce dernier ayant déjà produit des titres du Montréalais.

I-F Fucking Consumer (1998)

Un des plus mystérieux producteurs de la scène electro-techno néerlandaise, I-F est quasi mutique depuis quinze ans, mais mérite toujours d’être ressorti des tiroirs.