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Libération
Critique

Na’am élégance dans l’âme

publié le 1er avril 2016 à 18h11

Dans notre pays, ces derniers temps, la musique électronique pour danser semble coupée en deux. D'un côté, les producteurs qui se baladent sur l'autoroute du beat en tapant vite et fort et, de l'autre, ceux, plus tranquilles, qui empruntent des chemins de traverse en misant sur la mélodie. Une bonne idée, sauf que la plupart du temps, c'est pour nous servir des cascades de sax bien gerbantes mixées à des nappes synthétiques dégoulinantes. Heureusement, cette «deep soupe» n'est pas servie par tout le monde. Exemple avec le duo toulousain Na'am, dont le premier EP, Alyah, sorti en février sur le petit (mais brillant) label Canal auditif, séduit par sa propension à faire danser, grâce évidemment à un rythme plutôt enlevé, mi-house, mi-techno, mais aussi par ses élégantes ambiances mélodiques. Tout en s'autorisant à l'occasion quelques dissonances, comme sur Targa, leur titre le plus aventureux. Mais à 20 ans à peine, on peut tout se permettre, et même glisser dans ses compositions quelques petits clins d'œil «world music» sans qu'on puisse y voir le signe d'un exotisme de pacotille. Normal, puisque Pierre-Loys Joubert et Mehdi Zaim se sont rencontrés enfants au Maroc, avant de lancer leur projet un plus tard lorsqu'ils sont venus étudier en France. Si alyah signifie «éveil spirituel» en arabe, c'est avant tout musicalement que l'on a été secoué par leur spiritualité. Pour l'ouverture des chakras, on attendra le prochain EP.