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Libération
Critique

Pet Shop Boys le plein de «super»

Le duo britannique revient avec une pop électronique décomplexée, inspirée par les sons des années 90.
publié le 1er avril 2016 à 17h11

«Combien de Pet Shop Boys faut-il pour changer une ampoule ? Deux. Un qui change l’ampoule, l’autre qui fait la gueule.» Bien qu’éculée, la blague «officielle» du duo britannique fait toujours son petit effet. Depuis 1981, le numéro de Neil Tennant et Chris Lowe (qui ne sourit jamais en public) ressemble à l’auguste et au clown blanc de la techno pop. Révérés en Allemagne et au Royaume-Uni, les Pet Shop Boys sont vaguement méprisés en France, où on ne leur a jamais accordé le même statut que New Order ou Depeche Mode, sans doute parce qu’ils cultivent trop ce goût si british du second degré et du détachement. Perpétuellement en équilibre instable, leur pop électronique flamboyante flirte régulièrement avec le mauvais goût pur et simple. Si l’alchimie de leurs productions réside dans ce cocktail entre chansons douces-amères et hymnes pour clubs stéroïdés, l’extraordinaire sens mélodique de Lowe et la plume de Tennant, l’un des plus brillants paroliers de la pop culture, font régulièrement mouche.

Douzième album studio, Super s'inscrit dans la droite ligne d'Electric, son prédécesseur bodybuildé qui embrassait la culture club à pleine bouche, tout en se rappelant que, dans les années 80 et 90, le duo était réputé pour la qualité de ses chansons électroniques (format couplet-refrain) aux textes brillants et à la mélancolie toujours présente. Super agit ainsi comme une passerelle entre le «vieux» Pet Shop Boys et le nouveau, prenant comme point de référence thématique et musical les années 90, époque de leur climax créatif (en particulier sur l'euphorique single The Pop Kids). On surprend çà et là des gimmicks qu'on n'avait pas entendus depuis vingt ans et des recyclages malins de sonorités venues de la house qui donnent au disque un sentiment global d'euphorie et d'hédonisme débridé. Décomplexé, nostalgique, enjoué, spirituel (on n'avait encore jamais dansé sur les états d'âme d'un dictateur, comme sur ce The Dictator Decides) et toujours vaguement triste en même temps, ce Super très réussi apporte une forte dose d'intelligence à la pop music. Ça fait du bien.

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