La rencontre
Sculpteur québécois, David Altmejd s'est imposé comme une évidence pour Chris Keating, l'un des deux chanteurs de Yeasayer : « Quand j'ai découvert ses expositions, j'ai senti que son travail graphique ressemblait au son auquel j'aspire avec notre musique.» Autour d'un café, il lui propose de créer l'identité visuelle de leur futur album. Une offre que le sculpteur juge d'abord «trop graphique», avant de soumettre quelques idées : « Je pense dans l'espace, explique David Altmejd, et j'ai donc suggéré de réaliser des objets, que je prendrai ensuite en photo. Et nous avons considéré que cela aurait plus d'impact si ces créations étaient directement issues de l'univers musical de Yeasayer.»
Le groupe
Durant l'été 2014, Yeasayer enregistrait Amen & Goodbye loin de New York, lorsque David Altmejd leur a envoyé des sculptures de leurs visages, incrustées de cristaux. Chris Keating se souvient ainsi avoir reçu « une boîte avec trois masques, des portraits sévères, qu'il avait créés afin que l'on puisse s'en inspirer». Des œuvres que l'on retrouve au dos de la pochette et que le groupe posa dans le studio pour qu'elles les surveillent durant le reste des sessions.
Les inspirations
Une fois le mode opératoire défini, le groupe a transmis «u ne liste d'une trentaine de noms et des inspirations, comme le Jardin des délices de Jérôme Bosch ou le Sgt. Pepper's des Beatles», se souvient Chris Keating. L'intrigant résultat, tel un tableau vivant, associant sculptures, acteurs et images digitales, a été avant tout pensé pour le format vinyle. En le dépliant, il forme une sorte de fresque babylonienne dans laquelle on retrouve un mélange de l'univers de Yeasayer et des obsessions du sculpteur liées à la société et à la politique américaine. La tête de Donald Trump flottant dans les airs, l'actrice Rosie O'Donnell ou encore l'ancien champion de décathlon Caitlyn Jenner. Et, dans un style proche de l'univers art-pop du groupe, on retrouve, au centre de la fresque, un poster de Yayslayer (un groupe inventé, contraction de Slayer et Yeasayer), dans lequel Chris Keating voit «u n moyen de montrer que l'art n'a pas besoin d'être tout le temps si sérieux, il peut y avoir des pointes d'humour».