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Libération
Casque t'écoutes

Jean Touitou: «Toutes les sonos sont pouraves à Paris»

Jean Touitou, créateur. (Photo Pierre Bailly)
publié le 15 avril 2016 à 17h31

Chantre d’une certaine austérité chic, le créateur de la marque A.P.C. retrouve des couleurs lorsqu’il sort sur son label ses propres productions ou les œuvres de Lili Boniche ou d’Astor Piazzolla. Mais pas encore celles de Kanye West, pourtant son ami.

Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?

The Art Ensemble of Chicago People in Sorrow.

Votre moyen préféré pour écouter de la musique, MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?

Tout sauf le lecteur CD.

Le dernier disque que vous avez acheté, et sous quel format ?

[Patti] LaBelle Lady Marmelade en MP3.

Où préférez-vous écouter de la musique ?

Où je n’ai pas besoin de l’entendre. Comme un meuble qui est là.

Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ? Quel genre de musique ?

En travaillant, je laisse jouer les soixante-cinq heures de musiques éditées pour les boutiques A.P.C. Il y a du dub reggae, de l’ambient, du Miles, du Glenn Gould, du Kanye, etc.

Quelle pochette de disque avez-vous envie d’encadrer chez vous comme une œuvre d’art?

J'ai encadré chez moi Beat Bop de Rammellzee + K-Rob. Une pochette de Jean-Michel Basquiat.

Le disque qu’il vous faudra pour survivre sur une île déserte ?

L’idée d’un disque est morte. Il faudrait parler de blocs d’une heure ou deux, et je n’ai pas la réponse. Il n’y a plus de possibilité d’île déserte.

Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?

Un spoken word sur la mort chez Epicure, dit par Catherine Deneuve, avec Sly et Robbie, qui dirait - entre autres - combien cette question - pardonnez-moi ! - n’en est pas une.

Savez-vous ce que c’est que le drone metal ?

Oui, il y a des drones partout en musique.

Préférez-vous les disques ou la musique live ?

Peu de gens savent jouer live.

Votre plus beau souvenir de concert ?

The Flamin’ Groovies au Bottom Line à New York. Ils utilisaient un Mellotron en live, c’est rare.

Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system ou n’y allez-vous jamais ?

Justement, il n’y en a pas à Paris, c’est ennuyeux, j’en suis triste. Toutes les sonos sont pouraves à Paris. C’est simple.

Citez-nous les paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur?

«Eh la benzina ogni giorno costa sempre di più / E la lira cede e precipita giù / Svalutation svalutatio / Cambiando i governi niente cambia lassù / C'é un poco nello stato dove i soldi van giù / Svalutation svalutation», Herbert Marcuse.

Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?

Il n’y en a pas, ce serait ennuyeux comme «sur une île déserte», cette idée.

Le morceau qui vous rend fou de rage ?

Toute la production contemporaine en France, où les filles chantent comme des chèvres. Je ne comprends pas que le nom d’un genre (le r’n’b) ait été colonisé par ces fientes toxiques.

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?

Le concerto de l'Empereur [le Concerto pour piano n° 5 de Beethoven, ndlr].

Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?

Question Mark and the Mysterians.

Le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?

Woody Guthrie This Land Is Your Land.