Chaque année, aux Rencontres transmusicales de Rennes, c’est la même magie : les surprises les plus inattendues viennent des quatre coins du monde pour une vision de la «world music» loin des folklores traditionnels et plus encore des compilations lounge pour fond sonore des magasins Nature et Découvertes. Le 4 décembre, à 22 heures sur la scène du Hall 3, torse nu, les membres du groupe malgache The Dizzy Brains, emmené par Mahefa et Eddy Andrianarisoa, deux frangins de la dangereuse capitale Antananarivo, retournent le public et prennent tout le monde de court. On peut donc concocter un garage-rock furieux depuis n’importe quel coin de la Terre.
La corruption et la pauvreté qui ravagent leur magnifique pays nourrissent une rage palpable dans tous les morceaux d'Out of the Cage, le premier album de Dizzy Brains, parfait pour ceux qui ont loupé leur passage aux Transmusicales… Alors que les quatre garçons n'avaient jamais pris l'avion, quittés «Tana» (Antananarivo) ou même vu la mer (alors qu'ils vivent sur une île), et que les autorités locales apprécient fort peu la colère de leur punk militant, le coup de pouce des Trans leur a ouvert les portes du monde, à commencer par celle de la France, l'ancien pays colonisateur, qui leur a donné les moyens de cet album rageur.
L'essence du garage est là, pure : guitare, basse, batterie et chant furieux suffisent à prendre aux tripes. Biberonnés aux Stooges, bien sûr, mais aussi à Dutronc (ils reprennent avec rage ses Cactus que leur a fait découvrir leur père), les Dizzy Brains sont impressionnants. Cet été, ne les ratez pas sur scène.