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Libération
A la télé ce soir

«2001», musique céleste

L'œil de l'ordinateur Hal, dans «2001, l'odyssée de l'espace», de Stanley Kubrick. (Photo Kobal. Picture Desk. AFP.)
publié le 14 août 2016 à 17h51

De 2001 dont tout a été dit, évoquons ce qu'on n'y entend pas. Kubrick voulait un film de SF réaliste et supprima les bruitages spatiaux. Il anéantit aussi la BO composée par l'Américain Alex North, avec qui il avait travaillé sur Spartacus, et préféra lier son film avec un bout d'histoire de la musique passant par l'Allemagne (Richard Strauss), l'Autriche (Johann Strauss II, sans lien de parenté), la Hongrie (Ligeti) et la Géorgie (Khatchatourian). Il laissa aux polyphonies contemporaines de Ligeti l'illustration des moments primitifs de l'humanité, les confrontations avec le monolithe, et céda le cruising spatial aux trois autres. La partition oubliée de North fut réenregistrée en 1993, conduite par Jerry Goldsmith. Expressive et volontiers atonale, elle s'inscrit dans les canons de l'époque, par exemple proche de celle de la Planète des singes, sorti la même année que 2001 (et aussi composée par Goldsmith). Mais la BO de North n'a pas la puissance d'arrêt d'un Also spracht Zarathoustra (dont son intro s'inspire de loin), ni le charme vénéneux d'une rengaine de Bernard Herrmann, qui composait Farenheit 451 deux ans plus tôt (et fut lui aussi victime d'un refus de partition, pour le Rideau déchiré de Hitchcock). Kubrick ne fit plus appel à North. Et le Danube reste associé à la conquête spatiale, tout comme Grieg est lié à M.