Ce week-end s'ouvre au public la Place (qui, pour mémoire, était déjà le nom d'un groupe rock parisien de la première moitié des années 90), sobrement sous-titré «centre culturel hip-hop». Sept années de gestation - depuis que l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë en avait accepté l'idée -, pour un projet unique en Europe, sinon au monde, de par son ampleur.
Situé au premier étage de l'aile nord de la canopée, dans ce Forum des Halles fraîchement rénové (après cinq ans de travaux et une ardoise d'un milliard d'euros, dont presque un quart rien que pour le fameux couvercle) qui voit passer quotidiennement plusieurs centaines de milliers de personnes, le «lieu de vie, de partage et de travail» énonce : une salle de concert de 450 places, un studio de diffusion de 100 places, un bar, un studio d'enregistrement, un atelier d'artiste, un home studio, un studio vidéo, deux studios de djing, 200 mètres carrés d'espace d'entrepreneuriat. Le tout sur une surface de 1400 m2, animée par 15 permanents et une équipe d'intermittents, pour un budget prévisionnel sur une année pleine de 2 millions d'euros, dont 900 000 de fonctionnement.
Formulé tel quel, l’état des lieux doit cependant être assorti d’une interrogation : maintenant qu’elle est dans la Place, la «culture hip-hop», si essentiellement et fièrement rétive, doit-elle envisager son écrin parisien comme une consécration (sa «Philharmonie» à elle) ou, au contraire, une plus équivoque institutionnalisation sous forme de ralliement au cœur d’un «pôle» comprenant entre autres la Médiathèque La Fontaine (avec 3 000 ouvrages consacrés au dit mouvement hip-hop !) et un Kiosque Jeunes ?