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Libération
Critique

Rocky «C’est autant une cage qu’un trône»

Le quatuor français raconte le visuel de «Soft Machines», un premier album aux multiples apparences, porté par la voix tonitruante de sa chanteuse. Une electro-pop qui se danse et puise dans la soul et le r’n’b.
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publié le 18 novembre 2016 à 17h56

La créature

Laurent Paingault (musicien) : «C'est Inès qui incarne elle-même la créature sur son socle. Quand au nom de l'album, Soft Machines ("douces machines"), il fait référence à toutes les machines que nous avons utilisées pour le créer. La créature hybride est en quelque sorte une métaphore des instruments électroniques avec lesquels nous avons travaillé. Elle peut être aussi vue comme une extraterrestre qu'on essaie de maîtriser en la mettant en cage, et qu'on étudie avant de la relâcher.»

Tom Devos (musicien) : «C'est une image rétrofuturiste. Elle a un côté vieille science-fiction comme le film Metropolis, de Fritz Lang.»

I.K. : «Bien qu'on ait utilisé tous ces synthétiseurs et ordinateurs, notre musique garde un côté humain, c'est de la pop. C'est pour cela qu'on a utilisé le mot «soft». On aime les contrastes : douceur-machine, chanson-electro… Mais cette pochette est également ouverte à toutes les interprétations. Une femme noire dans une cage : on a peut-être tendu le bâton pour nous faire battre. C'est vrai qu'on peut y voir une dimension sociétale et féministe. Après, la cage n'est pas fermée et [les] mains dépassent. Elle est prête a se battre.»

La cage

Inès Kokou (chanteuse) : «L'idée de la cage et de la créature qui règne à l'intérieur vient du photographe René Habermacher, qui a déjà travaillé sur notre premier EP [en 2013, ndlr], et du directeur artistique Antoine Asseraf. Notre album leur a fait penser à une créature imaginaire, une chimère non identifiée, car c'est un disque qui ne peut être rangé dans aucune catégorie musicale. C'est une œuvre protéiforme qui interpelle et excite l'imaginaire.»

Olivier Bruggeman (musicien) : «Pour que la photo soit efficace, il a fallu construire une véritable cage, épurée et moderne, car un trucage numérique ne fonctionnait pas. Dans notre esprit, c'est autant une cage qu'un trône.»

Le stylisme

I.K. : «On a travaillé avec Rogelio Burgos [styliste new-yorkais originaire du Panama, ndlr]. L'idée n'était pas d'imiter les couvertures de magazine et les pubs des grandes marques de mode mais de donner à voir quelque chose qui n'existe nulle part. Afin de mieux représenter la créature, on voulait que le personnage soit doté d'une peau chimérique, d'où le choix de la combinaison rayée. Puis on a créé les chaussures en prenant des plateformes de stripteaseuses qu'on a cassées et ensuite collées afin qu'elles aient l'apparence de griffes.»