Disparue au printemps 2016 après vingt et un ans d'existence, la «revue pop moderne» Magic renaît aujourd'hui (1) grâce à la volonté d'un lecteur de la première heure, Luc Broussy, qui a repris le titre. Comme quoi on peut être député suppléant du Val-d'Oise, secrétaire national adjoint du Parti socialiste aux personnes âgées et fan de pop.
Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent, avec votre propre argent ?
Le premier album des Pretenders en 1980 à l’âge de 13 ans. Ce qui m’a valu ma première fixette d’ado pour Chrissie Hynde, son blouson de cuir rouge et son khôl très appuyé.
Votre moyen préféré pour écouter de la musique : MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?
Les sites de streaming sont devenus depuis quelques mois mon unique terrain de jeu. Le streaming est en train de former des générations qui pratiquent le crossover permanent en n'acceptant plus d'entrer dans des cases. La nouvelle formule de Magic essaie de tenir compte de ce phénomène en passant de The XX à Sun Ra, de la musique contemporaine à Jim Jarmusch.
Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?
Oui, et depuis toujours. La faute à Bernard Lenoir. Tout gamin, j'ai appris à réviser en écoutant chaque soir sur France Inter son légendaire Feedback. Cette nuit par exemple, j'ai rédigé ma déclaration de candidature aux législatives sur du Courtney Barnett.
La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?
Johnny Hallyday Allumer le feu.
Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?
Au sein de la rédaction de Magic, il est formellement interdit, sous peine de se faire lyncher, de ne pas aimer Teenage Fanclub, un groupe qui, moi, m'ennuie magistralement.
Le disque qu’il vous faudra pour survivre sur une île déserte ?
The Clash London Calling.
Y a-t-il un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché ?
La Souterraine [Lire Libération du 8 octobre , ndlr] et Vietnam, parce que Benjamin Caschera et Laurent Bajon d'un côté, Franck Annese de l'autre sont à la fois des entrepreneurs courageux et des défricheurs artistiques culottés.
Votre plus beau souvenir de concert ?
Bruce Springsteen à Boston, en 2012 : 80 000 Américains connaissant par cœur les paroles du premier album de 1973.
Citez-nous les paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ?
«And if a ten ton truck kills the both of us, to die by your side, well the pleasure - the privilege is mine» [The Smiths There Is a Light That Never Goes Out, ndlr]. J'aime le romantisme emphatique de Morrissey.
Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
J’aime ma femme. Et je l’aime plus encore quand, en même temps, passe dans l’air une chanson boisée de Lloyd Cole.
Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?
Yesterday's Gone, l'album de Loyle Carner, un jeune rappeur britannique.
Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?
A l'évidence, les Stones entre Aftermath et Exile on Main St. Il y a du charme (le Swinging London, Marianne Faithfull, Anita Pallenberg). Du drame (Brian Jones et Altamont). De l'exotisme (le trip au Maroc ou l'enregistrement à la villa Nellcôte).
Le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?
Je peux pleurer de mélancolie sur un Elliott Smith, un Janis Joplin ou un Daniel Darc : je suis toujours ému par ces désespérés écorchés vifs disparus trop tôt.
(1) Magic, bimestriel en kiosque depuis le 12 janvier. Magicrpm.com
Ses titres fétiches
New Order True Faith (1987)
Radiohead Paranoid Android (1997)
Etienne Daho les Chansons de l'innocence (2013)