L’illustrateur
Originaire de Quimper (Finistère), Lou Lenfer est un rockeur dans l'âme. Se rêvant Johnny Thunders, il déserta très tôt les bancs de la fac de Rennes pour les concerts punks. Se découvrant plus doué avec un crayon qu'une guitare, il réalise pochettes, affiches et flyers pour des groupes et des labels montés par ses amis. Son trait, parfois sombre, parfois pop - car, selon le dessinateur, «on ne fait pas une cassette de punk breton sur le même ton qu'une affiche de festival à Paris» - le fait connaître dans le milieu alternatif et lui permet de rencontrer Cannery Terror en 2015, alors que le groupe est programmé par un festival bordelais dont il a réalisé l'affiche. En septembre, Roxane, en quête désespérée d'un visuel pour Bipolar Babes, repère sur la page Instagram de Lou trois planches de BD, inspirées par le dessinateur américain Charles Burns. Celles-là mêmes qui constitueront la pochette finale.
Le groupe
Formé fin 2014 entre Biarritz et Paris, Cannery Terror est porté par deux jeunes filles, Roxane et Clara, qui ont puisé le nom de leur groupe dans l'œuvre de l'écrivain américain John Fante et les expériences régulièrement désastreuses de son alter ego de papier, Arturo Bandini. Repérées en 2015 avec deux titres fougueux et bouillonnants (Cheese et Cocksucker) marqués par un garage rock teinté de psychédélisme, elles s'apprêtent à sortir leur premier EP, Bipolar Babes, épaulées par quatre musiciens.
Le dessin
«A l'origine, les planches étaient sur le même thème, et je ne voulais pas que cela ressemble à un strip avec un début et une fin, explique Lou Lenfer. Je trouvais plus intéressant de traiter l'attente, le doute, les sentiments et la mort qui plane de manière la plus laconique possible et dépourvue de texte. Assiste-t-on à une scène qui se conclut ou qui se met en place ? J'ai donc mélangé les éléments préférés de Clara et Roxane pour créer une planche finale. Je suis resté sur des thèmes sombres que je connais bien : la femme fatale qui empoisonne son mari ou qui le fait abattre par son amant, les squelettes, la mort. J'aime bien qu'il n'y ait pas de cadre spatio-temporel. Le futur du passé ! Cela donne un mélange de tragédie, de romantisme et de surnaturel, sans histoire concrète. A l'époque de Tumblr, il faut créer de la nouveauté, mais dans un format court pour les cerveaux fondus qui scrollent sans fin les pages d'Internet.»