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Libération
Critique

Alexia Gredy pop modèle

publié le 10 février 2017 à 17h06

Les années 70 et 80 incarnent la grande période du film français pour ados. La liste est longue : A nous les petites Anglaises, l'Hôtel de la plage, et bien sûr la Boum 1 et 2. Au milieu de ces nanars, un ovni, le plus intéressant d'entre tous - d'ailleurs récompensé par le prix Louis-Delluc -, Diabolo menthe (1977), signé Diane Kurys. Il raconte l'histoire, située au début des années 60 à Paris, de deux sœurs dont les tourments amoureux se mêlent aux réflexions socio-politiques pré-68. La musique du film est réalisée par l'aujourd'hui oublié Yves Simon, chantre d'une pop folk néopsychédélique engagée à la française. Gros hit à l'époque, la sensible chanson du générique, Diabolo menthe, est maintenant reprise par Alexia Gredy, 26 ans. Cette adaptation subtile, habilement teintée d'électronique (très bien réalisée par le trop méconnu Dodi El Sherbini), est une très bonne introduction à l'univers de cette talentueuse chanteuse-auteure-compositrice qui a vécu une première vie comme mannequin. Tout en étant l'égérie du leader français de la vente de chaussures sur Internet, cette Parisienne d'origine alsacienne peaufinait un répertoire pop poétique où elle démontre un sens très sûr des mélodies sépia, quand la mélancolie se nappe des couleurs de l'automne. Guidée par une phrase de l'écrivain irlandais George Bernard Shaw - «je ne suis pas assez jeune pour tout savoir» -, Alexia a convoqué sur son premier EP des parrains comme les Français d'Aline ou l'Anglais Baxter Dury, auteurs inspirés d'une production généreuse, qui lui va comme chaussure à son pied. Oui, on a osé.