Au sein de Femminielli Noir, on trouve deux âmes très libres, mais chacune à leur façon.
Bernardino Femminielli est ce crooner québécois décadent et délirant (au sens deleuzien du terme, il va sans dire) dont le (faux) patronyme napolitain peine à cacher de fières origines salvadoriennes mais résume à la perfection un amour immodéré pour la grande variété expérimentale européenne des années 70, de Lucio Battisti à Christophe, dont il recrée avec maestria les grandes heures dans des albums amples et ambitieux (le dernier en date, Plaisirs américains, nous avait beaucoup plu).
Jesse Osborne-Lanthier, de l'autre côté du Styx, est l'un des explorateurs les plus drôles et industrieux de la musique électronique d'aujourd'hui, qui n'aime rien tant d'autre que faire défaillir les systèmes en bout de course de la dance music.
Dans Femminielli Noir, les deux weirdos s'adonnent surtout au chaos, sous diverses formes musicales (techno, noise, acousmatique), métaphysiques (de Confucius à Deleuze, donc) et poétiques (de Lautréamont à Dennis Cooper). Sobrement titré Echec et mat, leur troisième disque pour le label franco-japonais Mind Records est un long cauchemar high-tech et addictif, une balade sans garde du corps dans les territoires extérieurs de l'Enfer où les rythmes martiaux mais diablement sexy le disputent aux irruptions de harsh dissonance et d'obscénité.
Ceux qui n'auraient jamais entendu parler des divers noms propres cités dans les paragraphes ci-dessus peuvent également s'imaginer un Love on the Beat de Gainsbourg en version hardcore et terminale - les territoires éminemment boschiens dessinés par ces huit miniatures délicieusement punitives y font en tout cas allègrement penser.
Plus d'infos sur Femminielli Noir, sur Echec et mat - et comment se le procurer ici.