Oui c'est vrai, cette rubrique flirte avec la cartomancie. Soyons honnête, ça ne marche pas à tous les coups. Mais parfois, ça explose au-delà de notre lecture dans le marc d'une composition. Comme Gauvain Sers découvert ici même à la faveur d'une seule chanson, Pourvu, et qui maintenant caracole au sommet des charts avec son premier album.
Armé de guère plus de munitions, Eddy de Pretto suscite pourtant déjà le plus fol enthousiasme à l’orée de cette rentrée musicale. Lauréat du prix des Inouïs du dernier Printemps de Bourges, ce jeune homme à l’âge indéterminé (allez, on va dire une bonne vingtaine) a démarré par le théâtre avant de prendre la plume pour exuder les tensions de son quotidien.
Grand fan de rap français, Eddy en a retenu la scansion rebelle et cynique qu'il habille non pas par des beats gonflés «à l'américaine» mais par une profonde mélancolie mélodique, très chanson française. A l'orée de l'été, on a été marqué par son rappeux Fête de trop, un peu le pendant du Formidable de Stromae, mais plus influencé par les frasques burlesques d'un Jean Guidoni que par la furia désespérée d'un Jacques Brel.
Tête de gondole de son premier EP qui paraîtra dans moins d'un mois, le bouleversant Kid met la barre encore plus haut avec son texte à l'allure de manifeste queer : «Tu seras viril mon kid, tu tiendras dans tes mains l'héritage iconique d'Apollon et comme tous les garçons, tu courras de ballon en champion. […] Virilité abusive, virilité abusive. […] Mais moi, mais moi je joue avec les filles, mais moi, mais moi, je ne prône pas mon chibre…» Un futur numéro 1. Et ce n'est pas un pari.