Siriusmo est Berlinois mais ne fait rien comme la grande majorité de ses voisins producteurs de musique électronique, pressurisés par la concurrence et la pression de se fondre dans la masse de La Mecque techno. Pendant que la plupart de ces soldats vêtus de noir de la tête aux pieds s’escriment à faire leurs preuves dans un minuscule pré carré délimité par des règles formelles toujours plus contraignantes et un purisme rarement employé à bon escient, lui fait ce qui lui plaît – du graffiti, du jonglage et des jolies mélodies.
Découvert au pinacle de la «French Touch 2.0» (celle qui a consacré les artistes des labels Ed Banger et Institubes comme Justice, Para One ou Mr. Oizo) parce qu'il maniait comme un maître les idiomes rock, electronica et disco, Moritz Friedrich se distingue également de ses cousins de France par son sens du timing – ses morceaux sont souvent courts – et de la dérision. Inégaux, ses disques décorés d'illustrations plutôt douteuses sont tous bourrés ras-la-gueule de pépites hors du temps, cousins fièrement indignes des hits ratés de Mouse on Mars ou des bandes originales de François de Roubaix.
Dans Comic, son troisième album en 18 ans de carrière, il met la pédale douce sur les blagues et les bangers à fond les charleys et c'est tout bénef pour les amateurs de marquèterie : à une ou deux kitscheries près, c'est de l'easy electronic listening music baroque de haute volée, pleine de références improbables (de la musique concrète à l'acid jazz) et d'effets spéciaux délicieux.
Comic est disponible chez Monkeytown. Nous vous proposons d'écouter le tendre Geilomant en exclusivité.