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Libération
Critique

Kristel Un air de famille

publié le 27 octobre 2017 à 17h26

C’est l’arrivée, il y a deux ans aux Transmusicales de Rennes, des furieux punk garage Dizzy Brains qui nous a fait placer Madagascar sur la carte des musiques actuelles. Jusque-là, la grande île de l’océan Indien évoquait des plages paradisiaques certes, mais aussi et surtout un pays parmi les plus pauvres et les plus corrompus au monde.

Aujourd’hui, à la suite du quatuor de Tananarive, c’est au tour de Kristel de s’échapper des frontières de son pays. Une affaire de famille puisque ce trio, formé il y a cinq ans, est composé de la chanteuse (et bassiste) Christelle Ratri, accompagnée de Benkheli Ratri (guitare), son frère, et d’Andry Sylvano (batterie), qui est devenu son mari. Sur leur premier EP, on est d’abord frappé par l’extrême musicalité de la langue malgache, avec laquelle nous n’avions pourtant aucune proximité. Un jouissif dérèglement des sens accentué par une effervescence sonore, où des lignes claires de guitares très post-punk côtoient des basses funk sur des beats reggae.

Une énumération qui pourrait laisser entendre que nous sommes en présence d’une quelconque «fusion» (oh la la, quelle horreur !) musicale. Pas du tout. Kristel c’est une élégance folle, doublée de la rage d’une chanteuse possédée. L’expression aussi d’un féminisme affiché dans un pays où les droits des femmes se vivent encore comme un combat de tous les instants. Et nul besoin de traduire les paroles pour le comprendre.

En concert le samedi 9 décembre à Rennes (au Bar en Trans).