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Critique

Ezra Furman un ange passe

Figure excentrique de la scène indépendante, le chanteur américain prend une nouvelle ampleur avec ce disque.
publié le 16 février 2018 à 18h26

Dans une récente interview donnée au Financial Times, l'Américain Ezra Furman se présente ainsi : «Je me vois comme un Tomgirl, l'inverse d'un Tomboy. Un garçon qui est féminin dans tous ses aspects extérieurs. A part ça, je joue de la guitare et j'écris de bonnes chansons.» Au regard de ce que certains pourraient appeler ses «excentricités», son goût pour les robes, les colliers de perles ou le rouge à lèvres qu'il porte sur scène comme dans la vie, Ezra Furman produit des disques relativement classiques, oscillants entre folk et punk, comme la majorité de la scène indé américaine. Et ce qui, finalement, le distingue de ses camarades, c'est qu'effectivement il écrit de sacrées bonnes chansons. Ultraproductif, ce militant timide mais décidé de la liberté de vivre sans se laisser emmerder dans l'Amérique de Donald, a publié sept albums depuis 2007, en groupe avec The Harpoons ou en solo. Récemment marié à une universitaire en sciences politiques, il est peu connu en France. Avec Transangelic Exodus, cela devrait changer.

Plus dramatique et parfois grandiloquent que les précédents, ce nouveau disque dédié «à ces humains qui ont des ailes comme des anges et qui sont stigmatisés pour leur corps et leur différence», comme il l'explique au NME dans une interview filmée, suinte l'angoisse de vivre dans un pays gouverné par un bouffon, mais ne se laisse pas faire pour autant.

En donnant un peu de théâtralité et de glamour à ses chansons, Ezra Furman prend une nouvelle ampleur, d’autant que cet album très réussi comporte quelques-unes des meilleures chansons qu’il ait écrites. On dirait parfois qu’un jeune Bruce Springsteen encore hésitant s’est lancé dans un opéra queer.

Par ailleurs, Ezra Furman ne travaille pas le vendredi par volonté de consacrer une journée à la dimension spirituelle de son existence. Une journée où, contrairement au reste de la semaine, comme il le dit lui-même, il ne cherche pas à changer le monde ou à le conquérir.

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