Maylis de Kerangal s'est imposée avec, entre autres, deux romans : Naissance d'un pont et Réparer les vivants. On la sollicite beaucoup (de nature généreuse, elle s'exprime volontiers sur une grande variété de sujets), mais il est plus inhabituel de la retrouver sur ce terrain, la musique. Elle se dévoile avant de donner une lecture le 22 mars (Paula et le Triomphant) en compagnie du musicien masqué Cascadeur à l'occasion des Emancipéés, passionnant festival de «littérature, chanson et autres libertés».
Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescente avec votre propre argent ?
Le 45-tours de Ashes to Ashes de Bowie, au Havre, en octobre 1980, je suis en quatrième, j'ai 13 ans. Prononcer à voix haute le nom de l'album devant le disquaire est déjà une étape qu'il faut réussir.
Votre moyen préféré pour écouter de la musique ?
J'écoute par tous les moyens mais l'autoradio a ma préférence, la nuit en traversant le Larzac, avec The Crossing de Cascadeur par exemple.
Le dernier disque acheté et sous quel format ?
Streetlights de Bonnie Raitt - je l'ai acheté pour une chanson, Angel from Montgomery, et j'ai pris tout ce qu'il y avait autour.
Où préférez-vous écouter de la musique ?
Là où je peux écouter fort.
Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?
J’écoute toujours de la musique avant de me mettre au travail, mais pas pendant que j’écris - je me lance plutôt avec quelque chose de simple et de radieux, de chaud, parce qu’après, ça se complique toujours un peu. Mes livres ont tous, en creux, une playlist.
La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?
Des plaisirs honteux de karaoké italien, comme la Solitudine de Laura Pausini.
Le disque qu’il vous faut pour survivre sur une île déserte ?
Both Sides Now de Joni Mitchell.
Quelle pochette de disque avez-vous envie d’encadrer chez vous comme une œuvre d’art ?
La pochette de Horses, de Patti Smith, photographiée par Robert Mapplethorpe.
Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?
La la la d'Ingrid Caven.
Savez-vous ce que c’est que le drone métal ?
Aucune idée. Ça ressemble à un pléonasme guerrier.
Préférez-vous les disques ou la musique live ?
Les disques. Et je suis très preneuse de disques de lives - par exemple, le Live at Wembley Stadium '86 de Queen.
Votre plus beau souvenir de concert ?
Bowie, à l'hippodrome d'Auteuil en 1983. Mon premier concert. C'est l'album Let's Dance, je perds une basket dans la foule, la marée humaine m'impressionne.
Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system, ou n’allez-vous jamais en club ?
Pour danser, ne faire que ça, pas autre chose. Mais je n’y vais pas assez.
Citez-nous les paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ?
«La folie des grandeurs / Des filles d'aujourd'hui / C'est comme un mal au cœur / Dans un avion-taxi / C'est comme un poudrier / Avec une mitrailleuse / Jeté sur canapé ou zone dangereuse / C'est le fourreau bleu-noir / D'un appareil photo / Au fond d'un urinoir / Dans un quartier prolo / Un bouillon de 11 heures / Et des ongles vernis / La folie des grandeurs / Des filles d'aujourd'hui.» (Les Filles d'aujourd'hui, Brigitte Fontaine)
Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
Le Köln Concert de Keith Jarrett.
Le morceau qui vous rend folle de rage ?
Le jingle remasterisé de Get Lucky de Daft Punk ou de Bambino de Dalida quand sonne le portable de mon voisin au cinéma.
Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?
Beauty, de Ryuichi Sakamoto.
Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?
Blondie, époque Parallel Lines. Mais deux filles, c'était sans doute trop.
La chanson qui vous fait toujours pleurer ?
The Greatest, de Cat Power.
Ses titres fétiches
Rolling Stones
Gimme Shelter (1969)
Antônio Carlos Jobim & Elis Regina
Aguas de Março (1974)
Michel Jonasz
Les Fourmis rouges (1981)