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Libération
Interview

Nicolas Boukhrief «Jamais de casque, je tiens trop à mes tympans»

publié le 6 avril 2018 à 19h06

Fondateur de la revue Starfix, Nicolas Boukhrief est vite passé de l'autre côté de la barrière en tant que scénariste, producteur et surtout réalisateur : Va mourire, le Convoyeur ou dernièrement le remarqué Made in France. Mais on n'aurait pas été étonné non plus de le voir empoigner une guitare ou un micro.

Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?

A 10 ans, Machine Head de Deep Purple.

Votre moyen préféré pour écouter de la musique : MP3, autoradio, platine CD, vinyle… ?

Vinyle. Pour la sensualité et l’humanité du son restitué. Craquements compris.

Le dernier disque que vous avez acheté et sous quel format ?

It, l'album posthume d'Alan Vega, en vinyle. Une extraordinaire, et pour le coup authentique, voix d'outre-tombe.

Où préférez-vous écouter de la musique ?

Chez moi. Jamais au casque. Je tiens trop à mes tympans, qui sont un de mes outils de travail.

Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ? Quel genre de musique ?

Toujours. Majoritairement du krautrock («rock choucroute»), la musique électronique allemande des années 60-70 (Tangerine Dream, Klaus Schulze, Cluster, Amon Düül, Popol Vüh, Can, etc.). Je préfère le nom d'origine, moins raciste : Kosmische Musik.

La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?

Etre une femme de Michel Sardou, dont les paroles m'hallucinent. Extraordinaire coming out d'un fantasme transgenre ( «Je rêverais d'être une femme… jusqu'au bout des seins… rouler des patins aux conscrits… et faire bander la France» ) d'un chanteur qu'on n'imaginait pas sur ce terrain !

Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?

Hôtel California des Eagles. Même en connaissant le sens réel des paroles de ce titre : le centre de désintox en lieu et place du lieu du lieu fantasmé à partir de la pochette.

Y a-t-il un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché et pourquoi ?

Ado : Swan Song, le label de Led Zeppelin et son logo satanique.

Quelle pochette de disque avez-vous envie d’encadrer chez vous comme une œuvre d’art ?

Fear of Music, Talking Heads.

Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?

Midnight Rambler des Stones. Pour que toute l'assemblée finisse par se remettre à taper le rythme du bout du pied et passe à autre chose que ce sinistre moment.

Savez-vous ce que c’est que le drone métal ?

Oui, en définition. Pas du tout en pratique. Mais votre question éveille ma curiosité et va m’inciter à aller écouter davantage…

Votre plus beau souvenir de concert ?

Alan Vega déchaîné devant une centaine de personnes à l’Arapaho, une boîte minuscule de la place d’Italie, au début des années 90.

Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system ou n’allez-vous jamais en club ?

Je n’ai jamais été et ne vais jamais en club. Qui a connu les raves ne peut qu’y étouffer, je trouve…

Citez-nous les paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ?

«I'll never be your beast of burden / My back is broad, but it's a hurting / All I want is for you to make love to me… (Beast of Burden, Rolling Stones). Mais ne le prenez pas pour vous.

Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?

Windowlicker, Aphex Twin.

Le morceau qui vous rend fou de rage ?

Alexandrie Alexandra de Claude François, quand il résonne en pleine nuit, quarante ans après sa création, depuis une fête chez des voisins expulsant en chœur son terrifiant «Aaaah».

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?

Earthling de David Bowie.

Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?

Goblin, quand ils ont enregistré les scores de Profondo Rosso et Suspiria de Dario Argento.

La chanson ou le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?

Knockin' on Heaven's Door. Particulièrement la version de Dylan à la fin de Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah.

Ses titres fétiches

Gene Kelly Singin' in the Rain (1952)

Shirley Bassey Goldfinger (1964)

The Doors The End (1967)