Le claviériste londonien Kamaal Williams agit très exactement à l’intersection de deux underground musicaux parmi les plus vivaces et précieux de la capitale britannique : celui du jazz, électrique, fougueux et funky qu’on disait «acid» au milieu des années 90, et celui du «garage continuum», où sont nés la plupart des sous-genres essentiels de la dance music locale, du dubstep au broken beat et dont le projet Henry Wu, mené par Williams avec sa collection de disques rares et son ordinateur, est l’un des plus sémillants représentants récents.
Fatalement The Return, son premier album en solo depuis la «séparation» du duo Yussef Kamaal qu'il formait avec le batteur Yussef Dayes, s'étend et s'écoule des deux côtés de la frontière. Joué en trio, le plus simplement du monde, sur piano électrique et synthés anciens, batterie minimale et basse électrique, l'album charrie quatre décennies de fusion, de Weather Report à Herbie Hancock, en même temps que les mille tentatives des producteurs de musique électronique anglais à s'en inspirer. Salaam, dont la traduction du titre n'est pas trompeuse puisqu'il a la responsabilité d'ouvrir le disque, s'offre aujourd'hui un clip tourné au Maroc par Greg Barnes qu'on nous promet bientôt affublé d'une suite – voire d'une série en 10 épisodes, un par morceau, qui pourrait bien révéler par son intrigue et ses images gorgées de soleil les arcanes de ce «retour» aux sources bien plus complexe et personnel qu'il n'y paraît.
The Return sort le 25 mai chez Black Focus Records.