Un chanteur brésilien invité par un duo israélien, voilà le souvenir que l'on avait gardé d'Abrão, qui illuminait il y a cinq ans Papa Soma ou Caminho de Dreyfus, du groupe Red Axes. Une voix singulière, distante, comme passée à travers un magnétophone, qui ne s'était fait entendre que sur un maxi confidentiel avant la sortie discrète, il y a quelques semaines, de son premier album Omnam. Vieux routier de la scène post-punk brésilienne, Abrão Levin avait pourtant déjà tenu le micro au sein du duo Kafka à la fin des années 80. Né à São Paulo, Abrão a grandi dans le ghetto juif des années 60 et a plus ou moins fait d'Israël sa base arrière depuis vingt ans. S'il est longtemps resté sans projet artistique fixe, ces collaborations internationales ont permis de découvrir sa vision très personnelle de la MPB, la Música Popular Brasileira, genre brésilien non identifié, populaire chez les classes moyennes. Si ce n'est pas tout à fait de la samba, de la bossa, du rock ou encore du funk carioca, alors c'est de la MBP. Et de l'indéfinissable, Omnam en regorge. Entre rythmes lents, influences tropicales, effluves dub et ambiances cold-wave, les dix titres d'Abrão choisissent de ne pas choisir, préférant baigner dans un bain lumineux et mélancolique. Un disque singulier, dont la richesse repose sur la minutie apportée à la production et un goût pour l'humilité. A l'image de son auteur.
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