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Libération
Critique

Petit Prince sur sa planète perché

publié le 18 janvier 2019 à 17h27

Non mais comment prendre au sérieux un label qui s’appelle Pain Surprises et qui signe des artistes endossant comme pseudos Miel de montagne, Grand Soleil ou, comme ici, Petit Prince ? Sauf que si on glisse dans cette liste le nom de l’électron libre Jacques, un des trois fondateurs de la maison, ça rigole déjà beaucoup moins.

C'est en 2013 que le producteur électronico-siphonné de Tout est magnifique lance cette petite entreprise avec deux copains, nés à Strasbourg comme lui, Etienne Piketty et Elliot Diener alias Petit Prince. Ce jeune homme de 27 ans au solide bagage (dix ans de violoncelle au conservatoire, des études d'ingénieur du son à LouisLumière) joue un peu le rôle de grand ordonnateur sonore, en mettant sa patte derrière les productions de la maison ou en prêtant son talent pour d'autres (Ichon, Superpoze).

Il passe aujourd'hui de l'autre côté de la barrière, pour la seconde fois après un premier essai en 2016, avec la pop synthétique tournoyante et chatoyante de Je vous embrasse. Six titres qui, depuis le Jour du départ à la Veille du retour, digressent autour d'une histoire d'amour au moins aussi barrée que le chant d'Elliot Diener, dont les aigus rebondissent dans des torrents d'échos. Mais qu'est-ce qu'il dit ? Peu importe. L'essentiel réside dans l'ambiance irréelle et ludique de ces compositions poético-lyriques. Il ne va pas falloir très longtemps pour que Diener laisse tomber le «petit» dans son pseudo. Sérieux.