Parmi les pistes de recherche de Limousine, groupe de musique instrumentale formé par quatre cadors de la scène indépendante parisienne qui jouent au sein de ou avec Poni Hoax, Jeanne Added ou Thomas de Pourquery, il y a : capter le timbre d’une note de saxophone au plus près du jaillissement de sons qui survient à la jonction de la hanche et de la bouche du musicien, réhabiliter la pompe reggae à 52 BPM sans aucun autre but que d’illustrer le sentiment d’amitié, ou encore défendre les vertus de l’appropriation culturelle quand elle est animée par la passion et absolument désintéressée par l’acte de dépossession de quoi que ce soit à quelque culture que ce soit.
Enfin, on écrit recherche mais sans doute faudrait-il préférer le terme «divagation» – car ce n'est pas avec la science que l'on passe d'un rêve inédit de François de Roubaix à la lumière bleutée d'une villa au bord du Pacifique filmée par Michael Mann. La seule ligne claire qui semble avoir présidé à la création de l'Eté suivant…, quatrième album de Limousine qui paraît quatre ans après Siam Roads (qui résumait une errance dans la région de l'Isan en Thaïlande) est la recréation du mélange de langueur et d'angoisse unique qui naît au milieu de l'ennui de l'été, qu'on soit bloqué en ville ou exilé dans un ailleurs submergé de chants de grillon et d'araignées pavant dans des baignoires glacées.
Le titre du disque, avec ses trois points de suspension, est un triple hommage à Bonjour tristesse de Françoise Sagan, son adaptation en bande dessinée par Frédéric Rébéna, dont la pochette de l'album emprunte un dessin, et l'été lui-même qui les a inspirés, tel que des millions d'adolescents paumés l'ont vécu et subi depuis la nuit des temps. Rébéna a également réalisé le clip de Colombus, bel exercice de navigation en eaux douces amères que ne renieraient pas Tortoise ou Haruomi Hosono. L'Eté suivant… sort le 22 mars chez Ekleroshock.