La pochette montre un homme ouvrant une bouteille de champagne en fin de banquet dans une scène digne d'une photo de Martin Parr. «Bismillah» («au nom de dieu»), s'exclame-t-il au moment de trinquer au bonheur de sa fille et son gendre qui viennent de se marier. Nous sommes en Inde et la fête est animée par le groupe de Suryakant Sawhney, le marié. Peter Cat Recording Co. (c'est son nom) sort son nouvel album, Bismillah, sur le label parisien Panache qui nous avait révélé l'existence de cette curiosité au printemps 2018, avec une anthologie de sa discographie indienne, Portrait Of A Time : 2010-2016.
Peter Cat Recording Co. fait ses véritables débuts internationaux avec ces dix chansons réalisées à Paris par Robin Leduc. S'y exprime la personnalité singulière de Suryakant Sawhney, étudiant en cinéma pendant trois ans à San Francisco, où il s'est entiché de pop psychédélique avant de rentrer à New Delhi où se sont agglomérées des influences disparates. Des chants d'oiseaux, des klaxons, des gazouillis électroniques et un motif de piano-jouet ouvrent Where the Money Flows, qui sonne comme un doo-wop flottant dans l'espace. L'enlacement du rétro - les sixties de Dean Martin et Sam Cooke - et du futurisme - le sertissage électronique des orchestrations - est la clé de cette musique saoule, enivrée de guitares hawaïennes et d'harmonies vocales, de trompettes façon Beirut (Remain in Me) et de cordes à la manière du Love Unlimited Orchestra de Barry White (Memory Bo).
Même quand sa voix est passée au vocoder, Suryakant Sawhney incarne un crooner crédible, héritier des roitelets de Bollywood, dont Mohammed Rafi, sur les mélodies d'un folk apatride, installant des ambiances où la mélancolie et la béatitude sont amorties par le moelleux de la production. Dans un monde idéal, Soulless Friends serait le tube épique de l'été 2019. En attendant ce jour, Peter Cat Recording Co. lance un appel pour que le public soutienne les artistes indépendants, en achetant disques et places de concert : «Il est temps que vous ne restiez plus plantés là, comme un autre de ces idiots amorphes. Bismillah !»
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