Sur la pochette de son premier album, Slowthai pose entièrement nu, attaché à un pilori moyenâgeux, au beau milieu d’une barre d’immeuble de son quartier de Northampton, des drapeaux anglais flottants aux balcons derrière lui. Sans doute la meilleure manière de résumer la musique de ce jeune rappeur anglais de 25 ans, révélé il y a quelques mois pour ses morceaux aux textes corrosifs envers une Angleterre qu’il considère être en roue libre complète depuis un certain temps.
Influencé par les scènes grime, punk ou drill anglaises (Libération du 13 octobre 2018), Tyron Frampton raconte dans sa musique l'Angleterre oubliée, celle des quartiers pauvres, loin des grandes métropoles, qui trompe l'ennui au pub, sans tomber non plus dans le misérabilisme. C'est toute la force de Nothing Great About Britain («Rien de bon dans l'Angleterre», donc), premier album engagé, où le jeune Anglais tire tour à tour sur l'extrême droite locale et la reine (Nothing Great About Britain) tout en gardant un regard plus tendre sur les siens, à l'image de l'hommage rendu à sa mère sur le morceau Northampton's Child.
Frais et fou, colérique et sensible, rap et un peu punk, Slowthai développe dans sa musique une analyse éclairante sur l’Angleterre actuelle, tout en allant constamment piocher dans ses souvenirs de gosse des rues d’une ville oubliée de tous, pour mieux raconter son histoire. Et nous offrir un des meilleurs disques de l’Angleterre en plein psychodrame Brexit.