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Libération
Critique

DI#SE Sans bémol

publié le 11 octobre 2019 à 17h06

Comment deviner cet été, au sortir de son concert aux Francofolies de La Rochelle, qu'il n'était pas encore majeur ? Sur une scène gratuite, sans masque ni tee-shirt, Désiré Eba Tolo - alias DI#SE - y avait fait jaillir un aplomb épatant et une constance dans le charisme que peu de rappeurs décrochent en termes d'interprétation. Le rookie, qui a quitté le Cameroun il y a dix ans pour Quimper, a donc le chic pour marquer les saisons (prix du jury des Inouïs au Printemps de Bourges).

Tiré par la locomotive Stromae et ses mélodies à fonction multiple, son Parfum aux effluves charnus et métissés transpire la sensibilité de son auteur. Ce premier disque mouvant, erratique, fait foisonner les tonalités tout en respectant le catéchisme de l'ego-trip. Des mots directs, massifs, vulnérables pour exhiber dilemmes intimes, fêlures contrastées, tentations charnelles et amours brisées.

La musique respire, avance, éclate, charrie tension tribale (###), suavité volubile (Génie), salsa nerveuse (N'dolo) ou, dans un même flot, refrain de stade et sensualité africaine (Visage). Au bord de l'embrasement, trombones en liberté, le pétaradant JMA oblige à la combinaison libératrice du doigt levé-déhanché. Au sein de ce filet plein d'emballantes surprises, interdiction aussi de passer sous silence la souplesse vocale, le garçon jouant avec les intonations pour donner un relief vigoureux à son chant. Dès cette semaine, DI#SE est attendu au MaMA Festival à Paris. Un autre envol de saison. Il viendra d'avoir 18 ans.

Patrice Demailly