Couronné du prix de Flore et du prix Femina, l’écrivain Simon Liberati, 59 ans, n’a pas pour autant passé toute sa vie dans les livres. Mondain, il a épousé une fille de la nuit (l’égérie du Palace Eva Ionesco), s’est fait arrêter un soir par la police devant le Baron avec son ami Beigbeder en possession de stupéfiants et continue d’aller à des concerts.
Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent ?
C'était en 1974, au Bon Marché, qui à l'époque n'était pas du tout le grand magasin et l'épicerie de luxe que c'est devenu, et il s'agissait de The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars de Bowie, en vinyle. J'avais choisi ce disque car mes parents surveillaient ce que je faisais et c'est celui où on voit le moins sur la pochette que Bowie est maquillé.
Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?
Aujourd’hui, j’écris dans le silence mais pour mes premiers romans, c’était en écoutant de la musique. Mais jamais de la musique classique. Je préfère être pleinement recueilli pour écouter, par exemple, un mouvement lent de Beethoven.
Les artistes que tout le monde aime et que vous détestez ?
Barbara. Je ne sais pas pourquoi. Sinon, je n’aime pas non plus Brassens ni, dans un autre style, Rihanna. Je n’ai rien contre les chanteuses pop. Il y a le premier clip de Britney Spears que je trouve bien.
Un disque que vous avez honte d’écouter ?
L'artiste le plus pailleté, le plus androgyne de l'ère Guy Lux, que j'aimais bien, c'était Patrick Juvet. Je l'ai vu dans sa Rolls rue des Saints-Pères à l'époque de Rappelle-toi minette, il avait fière allure.
Votre plus beau souvenir de concert ?
La musique était moyenne et la voix un peu fausse, mais c'est quand même Nico au Gibus, en 1978. On était très peu nombreux, peut-être une trentaine. Il y avait des punks qui la traitaient de vieille conne, et elle leur répondait : «Les punks Anglais sont plus sympas que les punks français !» Elle était rousse et ses yeux effrayants. On ne distinguait plus l'iris du reste de l'œil. Elle paraissait beaucoup plus vieille qu'elle ne l'était. Je ne m'attendais pas à cette image aussi éloignée de la pochette de l'album du Velvet. Mais c'était une expérience hallucinante car j'étais au premier rang. C'était étonnant de voir à cette distance quelqu'un qu'on a déifié. Quand j'ai vu Lou Reed en live, c'était moins bien car il était tout petit sur la scène d'où je me trouvais, chantait mal et était de très mauvaise humeur.
Et le meilleur souvenir en club ?
Je sortais d’un collège catholique, j’étais un garçon sage et je me suis retrouvé au Palace. C’était très fort mais je ne suis pas non plus obsédé par cette époque et cet endroit. Il y avait aussi de super lives aux Bains-Douches.
Le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
Je dirais, parce qu'on l'aime tous les deux avec Eva, Johnny Thunders, le morceau So Alone. Bon après, on passe pas notre vie à écouter du Johnny Thunders.
Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?
Celui de mon beau-fils, Lukas Ionesco, que je trouve super. Je connais tous ses morceaux par cœur. Je suis content d’avoir ce garçon dans ma vie avec qui j’aurais pu être copain même si je n’avais pas épousé sa mère.
La chanson qui vous fait toujours pleurer ?
Je ne sais pas si j'ai vraiment versé des larmes mais Back to Black d'Amy Winehouse, en partie à cause du clip dans lequel elle enterre son cœur. J'aime bien ce côté romantisme noir, surtout quand je suis saoul. J'habite à côté d'une ruine et on voit des ruines aussi dans la vidéo. Sinon, Demain tu te maries de Patricia Carli. Ce n'est pas crédité mais il me semble que Modiano m'avait confié avoir écrit les paroles.
Ses chansons fétiches
The Rolling Stones Sympathy for the Devil (1968)
David Bowie Rock'n'roll Suicide (1972)
Sex Pistols God Save the Queen (1977)