Le temps d'y faire son trou, elle avait tout changé à l'underground de la musique française. L'irradiant de sa voix piquante, sa sagesse, sa folie. Mami Chan, née Mami Sato à Tokyo le 11 juillet 1963, avait quitté le Japon en 1992 pour le Royaume-Uni, où elle avait goûté un peu de l'effusion créative de la scène indépendante, puis atterri en France, qu'elle n'avait jamais plus quitté parce qu'elle s'y sentait bien pour vivre et pour créer. Dans le remous de Paris puis le calme tout relatif de la Normandie, où elle vivait depuis une dizaine d'années, Mami Chan essaimait, composait, participait à l'édification ce qu'elle appelait «l'underground joyeux». Collaborant, inspirant, inventant au gré des projets, pour les petits et les grands, souvent en même temps.
La première fois que beaucoup ont entendu sa voix sans pareil, c'était avec le Mami Chan Band, groupe de faux gentils punks et «Frankensteins retombés en enfance» capables de vous faire passer par tous les sentiments du monde, de la terreur enfantine à l'agitation la plus féconde. Un groupe dans lequel on retrouvait d'autres figures essentielles d'un Paris expérimental d'alors, le Britannique Andrew Sharpley, électronicien situationniste, ou son amie la batteuse Emiko Ota, qu'on pouvait voir jouer souvent vers la fin des années 90 sur les scènes emblématiques, de Montreuil à Marseille, où s'illustraient également dans un incessant percutage des genres la bande du label Rectangle, Dragibus, Philippe Kateri