Quitte à danser sur les cendres du capitalisme, pourquoi ne pas le faire sur 4 American Dollars, l'hymne pop-funk que Meghan Remy a hissé en ouverture de son septième album ? Accompagnée d'un chœur débonnaire, la fondatrice de U.S. Girls y répète en boucle : «Je ne crois pas aux pennies, aux nickels, aux pièces de 10 cents.» Mais aussi : «L'argent sur un écran ne veut rien dire pour moi /Nous sommes tous sur le même bateau, mais pas sur les mêmes sièges.» Quand nous la rencontrons à Paris, début février, l'Américaine nous accroche à son regard bleu comme à un polygraphe. «Mon personnage avec U.S. Girls est celui de la transparence. Il est difficile pour moi de ne pas intégrer dans mon travail quelque chose dont j'ai conscience. Je participe à une industrie très représentative du monde d'aujourd'hui, où on a soit beaucoup d'argent, soit pas du tout. J'ai toujours voulu mettre cette industrie face à ses démons. Parler d'argent en début d'album, c'est un peu ça.»
Il y a peu encore, U.S. Girls était de ces projets à la tirelire vide et aux idées prospères. On appréciait déjà ses méticuleux collages sonores d'abord analogiques, puis numériques, et ses textes au vitriol contre la société patriarcale, pulsés d'une voix de mezzo-soprano affirmée. «Pour les femmes ou n'importe qui s'identifiant comme femme, l'argent est ridicule et ne compte pas vraiment. Quand les femmes sont enceintes, ça ne coûte rien, c'est un cadeau sans échange d'