«Je suis un fanatique du verbe. J'aime la langue allemande. Je l'ai toujours considéré comme un chemin poétique à part entière.» Ainsi parlait Gabriel Delgado-López alias Gabi Delgado, à la fois force motrice et théoricien du duo électronique Deutsch Amerikanische Freundschaft alias DAF : Robert Görl, sa moitié artistique, a annoncé lundi soir sa mort sur Facebook, sans en préciser les causes ni l'endroit où Delgado s'est éteint à 61 ans.
DAF, ce fut pour tout le monde le tube Der Mussolini («Tanz den Mussolini / tanz den Adolph Hitler / beweg deinen hinter / klatscht in die Hände / tanz den Jesus Christus», «danse le Mussolini / danse le Adolph Hitler / remue les fesses / frappez des mains / danse le Jesus Christ») datant de 1981, qui leur valut en retour des «Sieg Heil» du public ainsi que la couverture du New Musical Express, la Bible de la critique anglaise : la provocation, l'imagerie homo (Görl était gay, Delgado bisexuel) et, puisqu'il fallait aller au-delà, un son neuf ; à la fois dansant et extrêmement agressif. «On n'acceptait pas l'autorité, c'est l'une des rares choses qui nous rapprochait avec Robert, expliquait Delgado en 2018. Les ''Sieg Hail'', c'était de la provocation [les Sex Pistols avaient joué en 1978 une chanson intitulée ''Belsen was a gas'', sur le camp de concentration de Bergen-Belsen, ndlr], le fascisme faisait de toute façon partie de la culture allemande et pour moi, c'était libér