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Tony Allen, batteur de gloire

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Véritable machine à groover, aussi virtuose que spirituel, le musicien nigérian, qui créa l’afrobeat avec son compatriote Fela Kuti, est mort jeudi à 79 ans.
Tony Allen en 2014 (Photo Patrick Swirc. Modds)
publié le 1er mai 2020 à 20h06

De lui, Fela Kuti aurait dit qu'il jouait comme «quatre batteurs». Sans lui, le Nigérian n'aurait sans doute pas trouvé sa voie : l'afrobeat. Le nom comme le son de Tony Allen resteront à tout jamais associés au saxophoniste. Les deux s'étaient rencontrés au début des années 60 autour d'une passion pour le jazz, qui souda durablement leur lien. Bientôt, ils passeraient «aux travaux pratiques, sur scène», comme le rappelait le batteur au moment de sortir The Source en 2017, un disque estampillé Blue Note dont il n'était pas peu fier : il y effectuait un retour aux sources, après avoir relu dans un premier EP les faces fifties d'Art Blakey, «quatre batteurs en un. Son approche rythmique renvoyait à qui je suis : un Africain». Ce rêve de gamin, alors que Tony Oladipo Allen approchait les 80 ans, rappelait à qui n'avait pas su - pu ? voulu ? - l'entendre la part jazz dans ce qui fera son toucher. «J'ai fait ma propre chimie, en le mixant aux rythmiques traditionnelles et au highlife dans lesquels j'avais grandi.»

La musique de la «grande vie» sera l’une de ses écoles quand, au début des sixties, l’autodidacte né en 1940 à Lagos passa pro. Allen avait tout juste une vingtaine d’années, mais déjà pas mal d’heures au compteur quand il intégra les Cool Cats du trompettiste Sir Victor Olaiya, les Nigerian Messengers ou encore les Melody Makers. C’est avec eux qu’il se fit la main, mais c’est en croisant la route de Fela qu’il accéléra la ca