Peu d'action, peu de mots. Les polars crépusculaires fascinants de Jean-Pierre Melville ont utilisé à merveille la musique pour donner quelques couleurs à un minimalisme volontairement étouffant. Le compositeur Eric Demarsan est le responsable des B.O. de deux films fameux de l'homme à l'éternel Stetson, le Cercle rouge (1969) et l'Armée des ombres (1970), mais il se retrouve aussi, cinquante ans plus tard, derrière la musique du documentaire Melville, le dernier samouraï consacré au cinéaste.
Logique donc qu'un vinyle consacré à ce dernier projet présente les deux faces d'un immense talent. La face A est dévolue au jazz bluesy du documentaire de Cyril Leuthi, avec quand même les pointures Eric Truffaz à la trompette et Bruno Fontaine au piano. La face B esquisse, elle, un portrait musical du réalisateur à travers les thèmes de ses principaux films composés par Demarsan bien sûr, mais aussi François de Roubaix ou Georges Delerue. On avoue une faiblesse pour le méconnu Christian Chevalier, qui signe les compositions jazz échevelées mais désespérées de Deux Hommes dans Manhattan (1959). Less is more.