«Lève le pied / après c'est la chute.» Dans la famille des oiseaux de malheur de la pop, donnez-nous Jarvis Cocker, le sardonique sympa et si séduisant, qui nous conte échecs amoureux et résilience de la classe ouvrière anglaise depuis - déjà ! - trente-sept ans. Son nouveau Beyond the Pale, premier disque façonné en groupe (baptisé Jarv Is…) depuis la dissolution de Pulp en 2002, est un tendre et revigorant état des lieux de l'apocalypse en cours, extralucide et étonnamment dansant, dans la lignée de ses tubes disco mélancoliques d'antan (Countdown, Seconds, Common People). Le secret derrière ce miracle, que nul autre à part l'échalas de Sheffield n'aurait pu faire advenir ? Sa pensée en mouvement sur mille sujets qui comptent - origines néolithiques de la rave, sentiment d'inutilité du mâle blanc hétéro de 56 ans, ou revalorisation de l'art trop méprisé des statues humaines - et son dispositif inédit, puisque la base sonique du disque a été enregistrée en concert en 2018, dans des salles minuscules du Royaume-Uni, devant des publics qui entendaient ces chansons pour la première fois de leur vie. Jarvis Cocker a répondu à nos questions à Paris, où il habite une partie de l'année, quelques jours avant le début du confinement. Beyond the Pale devait sortir le 1er mai ; il nous arrive finalement ce vendredi 17 juillet, la prescience catastrophiste intacte.
Vous avez travaillé longtemps sur ces chansons…
Elles sont longtemps restées à l’état de chantiers. Puis j