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Hommages

Jean-Luc Le Ténia porté au nu

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Reprises, compilations, projet de docu… Aussi provocante que tendre, l’œuvre impudique du chanteur punk-intello manceau charme plus que jamais musiciens et admirateurs, qui font vivre sa mémoire près de dix ans après sa mort.
Jean-Luc Le Ténia finissait la plupart de ses concerts à poil. (Photo Aurore Bagarry)
publié le 3 août 2020 à 18h41

«Ecoutez mes chansons, en souvenir de moi /Moi j'étais beau garçon, mais j'étais seul chez moi /Mes chansons sont en vous, elles grandissent chaque jour /Mes chansons sont les ténias de l'amour !» Ainsi chantait Jean-Luc Le Ténia, prophète de son propre mythe, autoproclamé meilleur chanteur français du monde avant que d'autres ne le reconnaissent comme tel. C'était dans l'Ame du Mans, incantation hantée pour la ville où il est né et dans laquelle il s'est donné la mort, un jour de mai 2011, à 36 ans. Près d'une décennie plus tard, la légende de cette gloire locale et lo-fi, médiathécaire aux 2 000 chansons, se démultiplie, grâce notamment au travail de mémoire de la Souterraine. Le collectif dévoué à la chanson pop francophone diffuse régulièrement depuis 2016 des compilations de reprises par de jeunes musiciens s'étant épris du ver solitaire. «La démarche de Jean-Luc est complètement en adéquation avec la nôtre, expose Benjamin Caschera, son cofondateur. C'est de l'art amateur, fait maison, du quotidien raconté avec un côté ego trip très en accord avec l'air du temps.»

«Pâte à modeler»

Intime, le répertoire de Jean-Luc Le Ténia l'est jusqu'au malaise. Enregistrés chez lui, souvent composés avec trois accords de guitare perfectionnés chez les scouts, les morceaux du Manceau subliment avec humour son ennui et sa solitude ou peignent et repeignent son autoportrait de jeune homme en amoureux, parfois transi, souvent déçu ou frustré. Une forme d'art-thérapie au