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musique

Clubbing hors pistes

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Au Caire, en 2013. (Photo Mosa’ab Elshamy)
publié le 11 décembre 2020 à 17h31

La nuit et la fête qui s’y épanouit à l’abri des lumières et de la surveillance n’avaient jamais connu une telle mise à l’arrêt. Ainsi, cet ouvrage collectif sur l’histoire de la culture club en dix villes (Nairobi, Kiev, Johannesburg, Berlin, Naples, Lagos…) s’arrête-t-il en mars. Ce qui n’enlève rien à la pertinence de son axe d’observation, réajusté hors des dancefloors scrutés d’ordinaire, Berlin mis à part. Les auteurs insistent sur la force issue de ces espaces sonores qui participent à l’appropriation de l’urbanisme par les locaux, en particulier dans des pays post-coloniaux. Le projet est né à Nairobi dans l’un des instituts Goethe, entreprise culturelle allemande déployée à l’étranger pour diffuser sa culture et favoriser les échanges entre artistes. Après un album réunissant 50 producteurs, ces photographies d’archives et ses 21 essais rédigés (en anglais) par des spécialistes locaux redéfinissent le club. C’est un lieu où l’on sue en dansant, qui peut autant être une plage qu’un sofa en velours, l’intérieur d’une maison où les voisins se réunissent pour écouter un concert à la radio ou un club du Caire où résonne le mahraganat, musique électronique de la rébellion. Sur les rythmes qui y résonnent, rumba, techno ou marabi des townships sud-africains, les corps dansants affirment leur liberté, plus encore quand tout autour peut sembler en ruine. Là, le transport collectif par les rythmes suffit à créer un sentiment d’appartenance à la ville, et qu’importe si aucun b