Il faut être sinistre pour ne pas percevoir la portée curative du son, qui soigne les corps et les âmes depuis bien avant que la musique ait été gravée sur cire. Et à ceux-là on prescrira d'écouter Ignacio Maria Gomez, dont la douce voix prend des faux airs de malinké ou d'espagnol - d'on ne sait où, pour tout dire. «C'est une langue révélée, quelque chose qui vient à moi, une forme pure que je canalise et transforme en chansons», nous explique le natif de Patagonie, qui y entrevoit comme un écho des icaros, «ces chants de guérison où l'intention qui les provoque, la cause qui les suscite, sont plus importants que les paroles proprement dites». C'est à partir de tels petits mantras qu'il chantait pour lui-même, afin de se guérir, qu'il a composé le répertoire de son premier disque, une dizaine de mélodies qui lui sont venues du ciel entre 2009 et 2019. «Ça fait partie d'une espèce de mémoire sensorielle, le sentiment d'avoir vécu dans un lieu où tout était harmonieux, Belesia. Une forme de paradis que je ne peux traduire qu'en musique.»
Nomade
En fermant les yeux, on se retrouve aussi bien au cœur de la forêt guinéenne, dans le Minas Gerais de Milton Nascimento, sur les contreforts de la cordillère andine ou encore non loin de la Bahia de Caetano. Et aussi à Cali, où cet Argentin de 28 ans a pris goût à la salsa, ce dont témoigne le fiévreux Tchen Doró. Cette inspiration nomade aux confins du spirituel n'est q