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Et si le vinyle tournait mal ?

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En plein retour de hype, le vinyle voit ses prix exploser et les délais de pressage s’allonger. Submergés par les rééditions des majors, les indépendants peinent à faire entendre leurs nouveautés. Est-on en train d’essorer ce support en plein essor ?
Le disquaire Christophe Ouali, directeur du Silence de la Rue, le 15 janvier. (Photo Christophe Maout)
publié le 15 janvier 2021 à 17h26

Attention lors du passage en caisse avec quelques vinyles sous le bras. L’addition risque de piquer. Support bon marché il y a quinze ans, son retour en grâce lui vaut un grand écart d’offre et de prix qui sème la confusion dans la filière musicale autant que chez les fans. Et qui risque de nuire à ceux qui maintiennent des tarifs abordables. Cet ancien qui fête sa revanche n’avait jamais vraiment disparu. Depuis un frémissement de ses ventes à partir de 2006, elles n’ont cessé de grimper, multipliées par 20 jusqu’en 2019 aux Etats-Unis avec 18,8 millions d’albums écoulés. Une croissance confirmée en France, où les 4,1 millions vendus en 2019 selon le Snep représentaient plus de 20 % des ventes physiques (contre une moyenne de 16,4 % sur le plan mondial). De quoi aiguiser l’appétit de ceux (majors du disque et grandes enseignes de distribution) qui l’avaient un temps délaissé au profit du CD, et réconforter ceux qui y ont toujours cru, parmi lesquels nombre de labels indépendants et de disquaires.

Double peine pour les indés

Tout le monde n'affiche pourtant pas un large sourire. Si le gâteau a largement grossi, c'est avant tout parce que les trois majors ont lourdement réinvesti. Et se taillent la part du lion. «Le marché du vinyle a été multiplié par cinq depuis 2010, mais les labels qui étaient là avant, comme Born Bad Records, Hot Casa ou moi, ont juste doublé leurs ventes, explique Franck Descollonges, du label Heavenly Sweetness. Ça reste une m