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Libération

#Insomnies: les errances nocturnes d'Ann Scott sur Twitter.

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Chaque mois, l'écrivain raconte ses pérégrinations noctambules sur le réseau social.
par Ann Scott
publié le 20 juin 2013 à 11h55

Paris, 2 h 50 du matin – dans le salon d'un penthouse plongé dans le noir, debout devant la baie vitrée qui domine toute la ville, en train d'écouter In the Air Tonight à fond. La déflagration mémorable de la batterie à 3'41". La lente progression des accords presque menaçants comme une BO d'Hitchcock revisité par Carpenter jusqu'à cette explosion de batterie insensée. Aucun embarras à ressortir ce vieux morceau de Phil Collins quand sur Twitter, un nombre incalculable de gens semble n'avoir jamais écouté Sly Stone ou George Clinton ou même simplement Machine Gun des Commodores au point de crier au génie en découvrant le nouveau Daft Punk. Ceux qui en sont encore à s'asperger de Cristal sur la plage du Club 55 adoreront cette branlette de musiciens de studio qui ont cessé de s'oxygéner sous leurs casques futuristes devenus has been ; moi je dois aux Daft d'avoir eu envie d'écrire Superstars, mais pas une ligne de plus.

Le synthé Prophet 5 de Phil Collins reste le meilleur à déterrer pour écouter la ville dormir en 2013. Le temps où la différence de fuseaux horaires donnait le sentiment qu'il se passe toujours quelque chose sur Twitter paraît si loin. Les artistes ne livrent finalement jamais rien de vital, les marques ne discutent pas avec les millions de gens qui les font vivre, les journalistes ne partagent guère que des