Une jeune femme, une fleur à la main, face aux baïonnettes (Washington, 1967). Peut-être plus que tout autre, ce cliché a assuré la notoriété de Marc Riboud. Et pourtant. Ce jeune homme de 75 ans a signé des reportages impressionnants sur la Chine, l'Algérie, le Viêt-nam, ou encore Hong-Kong et la Turquie l'an dernier, glané au passage des prix et la reconnaissance de ses pairs. Ami de Cartier-Bresson, de Capa, il a gravi les échelons de l'agence Magnum jusqu'à en devenir président en 1975. Cette année, ce sont ses photos qui sont réunies au bénéfice de Reporters sans frontières (1).
La liberté de la presse sera-t-elle un jour un acquis?
Plus je voyage et plus je me promène, plus je m'aperçois que la liberté de la presse est aussi importante que l'air que l'on respire. Certes la presse a ses dérives, mais sa liberté vaut mieux que n'importe quel Etat policier. Par exemple, en Chine, la liberté d'expression et même la liberté d'esprit n'existent pas. Les Chinois finissent presque tous par s'autocensurer. Et cette autocensure gagne très vite Hong-Kong, où les Chinois comme les expatriés veulent plaire au nouveau pouvoir, en espérant ainsi que la réussite économique continue. C'est encore plus sournois qu'une censure politique. Partout, le secret est la porte ouverte à toutes les corruptions.
Avez-vous le sentiment d'avoir vécu l'âge d'or du photo-journalisme?
Non, il n'y a pas eu d'âge d'or. Croyez-vous vraiment qu'il y avait plus de liberté avant? Aujourd'hui, la vraie difficulté est de vivre de ce métier. Il y a plus de photographes, les films et les voyages coûtent cher" Et à la question financièr